Immunité Dassault : vers un retour du vote à main levée au Sénat ?
Le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, propose de revenir sur le vote à bulletin secret au Sénat, après le refus mercredi par les sénateurs de lever l'immunité de Serge Dassault. Une idée défendue également par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Des responsables de la majorité estiment que Serge Dassault n'a pu conserver son immunité que grâce au vote d'un ou plusieurs élus de gauche.
/2016/08/23/maxnewsworldthree356874.jpg)
Y-a-t-il un loup dans la bergerie ? La question se pose après le vote au Sénat mercredi, qui a abouti au refus de la levée de l'immunité de Serge Dassault. Des magistrats du pôle financier de Paris voulaient placer en garde à vue le sénateur UMP de 88 ans, ex-maire de Corbeil-Essonnes, dans le cadre d'une enquête sur des achats présumés de voix dans sa ville. Ce ne sera donc pas possible : le Sénat a voté contre à 13 voix contre 12.
Depuis, les réactions se multiplient. Et selon des responsables de la majorité, cette décision n'a été possible que grâce à un ou plusieurs élus de gauche. Selon Le Monde.fr également, qui a procédé par recoupements, le sénateur venu à la rescousse de l'industriel "se trouve probablement dans les rangs du PS ". Comme le bureau du Sénat est composé de 14 élus de gauche et 12 de droite, il a donc manqué deux voix de gauche pour lever l'immunité du milliardaire.
"Le retour à la règle de droit commun, qui est le vote à main levée"
Ce doute existe car le vote au Sénat se fait à bulletin secret. D'où la proposition de Jean-Pierre Bel, président socialiste du Sénat, dans un communiqué : "Quand je vois les retombées de cette décision et le débat qu'elle suscite, les suspicions sur le vote des uns et des autres, je m'interroge, en tant que président du Sénat, sur la pertinence du vote à bulletin secret."
"Je proposerai de revenir sur cette pratique et le retour à la règle de droit commun, qui est le vote à main levée. Cela permettrait que chacun assume publiquement sa position sur des questions graves ", ajoute-t-il. Un ministre estime aussi que le Sénat a une déférence exagérée envers Serge Dassault en raison de son statut de grand industriel.
"Plus aucun vote à bulletin secret" (Jean-Marc Ayrault)
Une déclaration qu'"approuve tout à fait " le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il s'est dit "choqué " par la décision de mercredi. Il demande qu'il n'y ait "plus aucun vote à bulletin secret " pour les demande de levées d'immunité. "Il faut la transparence dans les votes, mais aussi sur ce qui se passe au bureau du Sénat, où le travail est opaque ", ajoute la présidente du groupe communiste Eliane Assassi. Jean-Pierre Bel a également reçu le soutien du président socialiste de l'Assemblée nationale :
VIDEO ►►► Dassault sauve son immunité : Marie-Noëlle Lienemann "très étonnée"
Vote à bulletin secret depuis 2009
Mais pour la droite, ce vote à main levée permettrait juste aux sénateurs d'un même bord de se surveiller entre eux. Un sénateur UMP dénonce une initiative servant uniquement à démasquer le "traître" lors d'un vote.
Retour historique. Entre 1958 et 1995, le vote se faisait dans l'hémicycle en séance publique. A partir de 1995 et jusqu'en 2009, changement de procédure, le vote se faisait au sein du bureau du Sénat et à main levée. Ce n'est donc que depuis cette date, 2009, avec l'arrivée du sénateur UMP Gérard Larcher, que le vote se déroule à bulletin secret. Et ce dernier met en garde jeudi contre toute précipitation :
"Nous avons alors opté pour le bulletin secret, en pensant qu'un vote sur la levée d'une immunité est un vote de conscience, et non un vote de discipline politique" (Larcher)
L'ex-président du Sénat rappelle que le bureau avait voté la levée de l'immunité du sénateur UMP Gaston Flosse, "alors que la sensibilité politique du Sénat était alors la même que " celle de l'élu polynésien. Mais cela peut prendre du temps, puisque cette fois-là les juges avaient dû s'y reprendre à trois fois.
La proposition de Jean-Pierre Bel, du retour au vote à main levée, devra être faite lors d'une réunion du bureau du Sénat, considéré comme son "conseil d'administration". Il est fort probable qu'elle soit inscrite à l'ordre du jour de sa prochaine réunion en février. Les décisions du bureau sont généralement prises par consensus. Quant à l'autre question, de savoir si cette immunité parlementaire doit être maintenue, elle n'est pas à l'ordre du jour.
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter