"Une décision courageuse", "un début d'inflexion", "un danger"... Les réactions politiques après l'annonce de Sébastien Lecornu sur le renoncement au 49.3

L'ex-cheffe du gouvernement Elisabeth Borne, qui a eu 23 fois recours au 49.3 pendant les dix-huit mois qu'elle a passé à Matignon, a salué un Premier ministre qui a choisi "le chemin du dialogue au Parlement".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Sébastien Lecornu, le 3 octobre 2025, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)
Sébastien Lecornu, le 3 octobre 2025, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Sébastien Lecornu tiendra-t-il sa promesse ? Le Premier ministre a annoncé, vendredi 3 octobre, qu'il renonçait à utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour gouverner. "Les compromis sont possibles. (...) La question est maintenant de savoir comment chacun peut faire un geste, sans se renier dans ses convictions", a affirmé Sébastien Lecornu. Une annonce surprise à quelques jours de la présentation de son gouvernement et de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale qui a fait réagir les différentes forces politiques parlementaires.

Le bloc central applaudit "le chemin du dialogue au Parlement"

L'ex-cheffe du gouvernement Elisabeth Borne, qui a eu 23 fois recours au 49.3 pendant les dix-huit mois qu'elle a passé à Matignon, a salué un Premier ministre qui a choisi "le chemin du dialogue au Parlement". "C'est la voie de la co-construction avec les parlementaires dont notre pays a besoin aujourd'hui pour prendre ensemble des décisions responsables", a-t-elle affirmé sur X. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s'est félicitée d'une décision qui va permettre à son institution d'"être en capacité de débattre pleinement sur les orientations budgétaires de la France". "J'appelle chaque parlementaire au débat apaisé et constructif dans l'intérêt des Français".

Le président de Renaissance Gabriel Attal a salué "une décision courageuse plaçant chacun devant ses responsabilités". "Personne ne doit être dupe : si les responsables politiques, à gauche comme à droite, ne s'entendent pas, ce sont les démagogues, à gauche comme à droite, qui imposeront le populisme dans le débat, se targuant de 'victoires' à la Pyrrhus", a mis en garde Marc Fesneau, patron des députés MoDem.

Les socialistes et les écologistes notent "un petit début d'inflexion"

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a relevé une "vraie évolution" sur le 49.3, qui était une promesse de son parti si la gauche était au pouvoir. Mais il a réclamé un "vote" au Parlement sur la très contestée réforme des retraites, adoptée en 2023 grâce au 49.3. A ce stade, la copie présentée est "très insuffisante", "voire alarmante", a-t-il déclaré, exhortant à des "ruptures sur le fond" pour ne pas que son parti vote la censure.

La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a pris note d'"un petit début d'inflexion", mais attend "des mesures concrètes" sur la justice sociale et l'environnement. De son côté, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, trouverait "raide" de censurer d'emblée un gouvernement qui renonce à utiliser le 49.3, alors que c'est une proposition "défendue" par la gauche. Il espère aussi l'adoption d'un texte qui abrogerait la réforme des retraites.

LFI maintient sa motion de censure "dès la nomination" du gouvernement

La France insoumise entend toujours déposer une motion de censure "dès la nomination" du gouvernement de Sébastien Lecornu, malgré la promesse de ce dernier de ne pas utiliser le 49.3 à l'Assemblée nationale, a prévenu sur X le coordinateur national de LFI Manuel Bompard. "Sébastien Lecornu vient sceller aujourd'hui la dernière pierre de son accord avec l'extrême droite pour faire voter à l'Assemblée Nationale un budget macrolepeniste", a estimé le député des Bouches-du-Rhône, qui a une nouvelle fois appelé "toute la gauche" à voter la motion de censure qui sera déposée par LFI.

"En résumé, paroles verbales, on ne te croit pas. On ne te croit pas, tu n'as pas l'intention de gouverner sans nous forcer, le moment venu", a rajouté le fondateur de LFI lors d'une conférence de presse à Strasbourg.

Les Républicains mettent en garde contre "une coalition des démagogues"

"Dans un contexte d'absence de majorité", renoncer au 49.3 est "un choix qui se comprend, à condition qu'une coalition des démagogues n'aboutisse pas au vote d'un budget qui serait contraire aux intérêts supérieurs de notre pays", a réagi le ministre démissionnaire de l'Intérieur et président des Républicains, Bruno Retailleau. "C'est un beau geste, un beau signal qui est envoyé au Parlement" mais "il y a quand même un petit danger à se priver par avance de pouvoirs qui sont constitutionnels", a estimé Philippe Gosselin, député LR de la Manche. Selon lui, "se priver d'un pouvoir constitutionnel, même ultime, ça peut poser quelques soucis", car "il faudra quand même dire il faudra quand même bien adopter un budget 2026".

Le Rassemblement national salue une décision "plus respectueuse de la démocratie"

"Cette annonce que le Premier ministre n'utilisera pas le 49.3 m'apparaît plus respectueuse de la démocratie que ce qui a pu être fait dans les années précédentes", a déclaré Marine Le Pen à sa sortie de Matignon. "Je ne vois pas bien la rupture avec le Macronisme", a poursuivi la présidente des députés du Rassemblement national. "Nous restons dans l'attente de ce discours de politique générale qui devra être beaucoup plus clair que ce que j'ai entendu ce matin", si Sébastien Lecornu veut obtenir une non-censure du RN.

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