Gouvernement Lecornu II : Catherine Chabaud, Serge Papin, Jean-Pierre Farandou, Édouard Geffray, Monique Barbut… Le retour de la société civile

Le président de la République et le Premier ministre ont finalisé la composition du nouveau gouvernement dans la soirée du dimanche 12 octobre : 34 noms ont été dévoilés, ils intègrent le gouvernement de Sébastien Lecornu. Matignon tient à souligner une forte représentation de la société civile dans ce gouvernement.

Emmanuel Macron renoue par cette politique avec les débuts de son premier mandat présidentiel. Il avait promis, quand il était candidat en 2017, que son "gouvernement ne sera pas fait avec les états-majors des partis politiques", qu'il pouvait faire sans "les ministres qui n’ont d’autre légitimité que celle d’un apparatchik".

En 2020, le président de la République répétait cette envie aux députés de la majorité, en leur demandant d'être "fiers d'être des amateurs".  Même si dans ce gouvernement, on compte une majorité d'élus politiques expérimentés, il y a en effet certains nouveaux noms qui ont peu ou pas du tout exercé de mandat politique.

La navigatrice Catherine Chabaud, ministre de la Mer

La navigatrice Catherine Chabaud, première femme à terminer le Vendée Globe en 1997, a été nommée ministre de la Mer. À 62 ans, elle remplace à ce poste Agnès Pannier-Runacher, qui avait ce portefeuille au sein d'un ministère très fourni : la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche.

Elle a été eurodéputée (Renew) entre 2019 et 2024. Lors de sa nomination sur la liste LREM-Modem, elle déclarait : "J'ai pris cette décision exactement comme celle que j’ai prise en 1996 quand je suis partie courir mon premier Vendée Globe : je ne sais pas où je vais, mais je sens qu’il faut que j’y aille".

Serge Papin, ancien patron de Système U, ministre des PME

Il a été PDG de Système U pendant plus de 10 ans. Serge Papin arrive au ministère des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat, du tourisme et du pouvoir d'achat. Il n'avait exercé aucun mandat politique avant cette nomination. Il remplace Véronique Louwagie.

L'homme de 70 ans est un habitué des médias, il a souvent représenté Système U entre 2005 et 2018 à la télévision et la radio. Son rôle sera, entre autres, à lutter contre la baisse du pouvoir d'achat en France, c'est d'ailleurs dans l'intitulé de son poste.

Jean-Pierre Farandou, de la SNCF au ministère du Travail 

Autre personnalité à n'avoir aucune expérience en politique : Jean-Pierre Farandou, patron en partance de la SNCF, où l'ex-Premier ministre Jean Castex doit lui succéder, a été nommé ministre du Travail et des Solidarités. Il remplace Catherine Vautrin.

À 68 ans, Jean-Pierre Farandou n'a certes exercé encore aucun mandat en politique, mais il dispose du CV classique du haut fonctionnaire : École nationale supérieure des mines de Paris, puis directeur général de Thalys, président de Keolis, de la SNCF, mais aussi de l'Orchestre national d'Île-de-France. En 2019, juste après son arrivée à la tête de la SNCF, il a connu l'une des plus longues grèves de l'histoire du groupe ferroviaire français. Il a en revanche réussi, en 2024, à éviter un mouvement social pendant les Jeux de Paris 2024 en signant un accord sur la fin de carrière. Une signature qui a suscité la colère d'une partie du gouvernement Attal et de la droite.

Monique Barbut, de WWF à la Transition écologique

Monique Barbut a été nommée ministre de la Transition écologique. À 69 ans, elle prend la place d'Agnès Pannier-Runacher à ce ministère, après être passé par le service public et l'international qui l'a conduit jusqu'aux Nations unies et WWF.

Économiste de formation, Monique Barbut s'est vite spécialisée dans la défense de l'environnement, et devient experte des dossiers techniques et diplomatiques. Elle contribue ainsi à créer le Fonds mondial pour l'environnement qu'elle dirigera ensuite, avant d'aller à l'ONU. D'abord au sein de la division "technologie, industrie et économie" du Programme des Nations unies pour l'environnement, puis en tant que secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. En 2021, elle devient présidente de l'ONG environnementale WWF-France jusqu'en 2023. Un an plus tard, elle est nommée Envoyé spécial du Président de la République sur le climat et des dix ans de l'Accord de Paris.

Édouard Geffray, ministre de l'Éducation

L'ancien directeur général de l'enseignement scolaire remplace Elisabeth Borne qui quitte l'exécutif. Lui non plus n'a jamais été élu politique. Mais ce haut fonctionnaire connaît parfaitement les rouages du ministère de l'Éducation, puisqu'il en a été le numéro deux entre 2019 et 2024.

C'est donc un profil technique. Un haut fonctionnaire qui a gravi peu à peu les échelons au sein de l'Éducation nationale. Après avoir été directeur général des ressources humaines du ministère en 2017, il devient en 2019 directeur général de l'enseignement scolaire. C'est donc un fin connaisseur des arcanes de l'Éducation nationale, du fonctionnement des établissements scolaires, des dernières réformes. Il connait très bien le point de vue des syndicats d'enseignants. Une représentante syndicale a d'ailleurs confié à franceinfo qu'Edouard Geffray est à ses yeux le chef d'orchestre de tous les bricolages, réformes faites et défaites de ces dernières années qui ont contribué à l'état désastreux de l'Éducation nationale. Même s'il est parti du ministère de l'Éducation en juillet 2024, il ne s'est jamais éloigné de ce sujet. Le mois dernier, il avait encore remis au gouvernement un rapport pour défendre l'éducation au cinéma à l'école.