Vote de confiance du 8 septembre : Gérald Darmanin salue l'acte "extrêmement courageux et très démocratique" de François Bayrou
Au lendemain de l'annonce surprise de François Bayrou, qui a fait savoir lundi qu'il se soumettra à un vote de confiance de l'Assemblée nationale le 8 septembre prochain, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, revient dans les "4 Vérités" sur cette décision, qu'il estime "courageuse".
Dans sa première conférence de presse de la rentrée, lundi 25 août, le Premier ministre François Bayrou a surpris, annonçant se soumettre le 8 septembre prochain à un vote de confiance des parlementaires, engageant ainsi la responsabilité de son gouvernement, qui pourrait bien tomber en cas de résultat négatif. Un vote autour de la "question centrale" de "la maîtrise de nos finances", qui met en jeu la légitimité de l'équipe exécutive, face à une opposition forte et une assemblée divisée. Un acte que le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, invité des "4V" ce mardi 26 août, qualifie de "courageux". Le ministre répond aux questions de Cyril Adriaens-Allemand.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Cyril Adriaens-Allemand : Le gouvernement auquel vous appartenez ne tient plus qu'à un fil. Comment est-ce que vous qualifiez ce matin cette décision du Premier ministre ?
Gérald Darmanin : C'est un acte extrêmement courageux de la part du Premier ministre François Bayrou, et très démocratique, de dire devant la difficulté, devant les efforts qu'il faudra faire, devant les semaines qui vont venir, qui vont être difficiles pour voter un budget, de dire à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire là où les représentants du peuple sont élus, 'êtes-vous d'accord pour que nous continuions sur la ligne que je vais dresser', c'est-à-dire le discours qu'il va porter le 8 septembre, et qui définit le cadre de la négociation : il faut faire des économies pour que le pays aille mieux.
C'est extrêmement risqué, certains disent, suicidaire...
Ce qui est suicidaire, c'est de ne pas avoir de budget pour notre pays. Ce qui est suicidaire, c'est de ne pas avoir de gouvernement pour notre pays. Depuis le général de Gaulle, la Ve République, les institutions fonctionnent, nous permettent d'emprunter sur les marchés financiers, d'envoyer des armées à la guerre, de pouvoir parler aux Nations Unies, de pouvoir régler les grands problèmes du monde et de la France, parce que nous avons un gouvernement et nous avons des institutions stables. Et là, on voit bien que les menaces multipliées de motion de censure, d'instabilité, en fait, rendent la France plus petite, plus difficile.
"Le partage doit se faire de façon plus équitable"
Là, c'est François Bayrou lui-même qui appuie sur le bouton d'une certaine façon. À combien de chances évaluez-vous la survie du gouvernement le 8 septembre au soir ?
Je pense qu'il faut toujours continuer à discuter. Il y a deux impératifs pour nous : il faut rétablir les comptes publics, rétablir les finances publiques, parce que les bons comptes font les bonnes nations. Mais comme l'a fait la Grèce, comme l'a fait la Suède, comme l'a fait l'Italie, comme l'a fait l'Allemagne, comme l'a fait l'Espagne. Et puis, il faut produire plus. Il faut que nous travaillions davantage, produisions davantage, parce que dans le monde dans lequel nous sommes, il faut pouvoir financer notre sécurité sociale, nos retraites, l'innovation.
Mais ce discours, vous l'avez porté depuis deux, trois mois, et quand on fait les comptes arithmétiquement parlant, il y a très peu de chances que ça passe le 8 septembre. Vous faites comme si ce risque n'était pas là.
Mais il faut discuter. Il faut discuter avec l'ensemble des parlementaires, et puis le Premier ministre hier a fait des ouvertures. Il a dit, par exemple, pour les jours fériés, on peut discuter.
Il l'avait déjà dit.
Oui, mais il faut répéter. Vous savez, la répétition, c'est l'art de la notion, comme le sait Monsieur Bayrou qui est professeur, donc il a cette habitude. Il faut pouvoir discuter, convaincre les forces politiques. Moi, je ne me résous pas à un pays où l'on ne se met pas d'accord entre nous en attendant la prochaine élection.
Il faut aller plus loin, par exemple, sur la contribution des hauts revenus, pour faire un geste vers le Parti socialiste ?
Je pense, moi, de là où je suis, c'est-à-dire de Tourcoing, d'une ville très populaire, effectivement, que le partage doit se faire de façon plus équitable. Quand il y a des difficultés, tout le monde doit faire des efforts, les femmes et les hommes politiques, les personnes les plus riches, et puis évidemment, tous ceux qui doivent travailler davantage.
"Les gens qui travaillent, travaillent beaucoup"
Il faut renoncer aux deux jours fériés ?
Le Premier ministre a dit qu'il était ouvert à la négociation. Quel est le problème ? Je pense, moi, de là où je suis, de Tourcoing, que les gens qui travaillent, travaillent beaucoup. Ils n'ont peut-être pas très bien perçu ou ils ne veulent pas travailler davantage, alors qu'ils travaillent déjà beaucoup. Ils ne voient pas assez leurs enfants, ils ne sont peut-être pas assez bien rémunérés et ils s'aperçoivent que tout le monde ne travaille pas comme eux, qu'il y a des gens qui doivent travailler davantage. Je suis pour la réforme de l'assurance-chômage, par exemple. Il y a des gens qui sont aujourd'hui dans une dynamique où il n'y a pas assez de travail. Si nous avions le taux d'emploi de l'Allemagne, si nous faisions autant de travail que les Allemands, nous n'aurions pas ces problèmes.
Est-ce que le Premier ministre a entendu les critiques, y compris de son camp, cet été ? Il a eu du temps, on dit qu'il a peu reçu, y compris les socialistes. Dans son camp, à la rentrée, des députés Renaissance, Modem ont émis des critiques. Et hier, il n'a pas changé un mot, une virgule, du plan qu'il avait présenté mi-juillet...
D'abord, j'ai beaucoup discuté avec le Premier ministre. Je le trouve ouvert à la discussion. Il l'a redit hier. Il y a encore 15 jours pour discuter. Il a dit qu'il était prêt à recevoir tous les groupes politiques, tous les syndicats. Aujourd'hui, je crois qu'il va à la CFDT, demain au patronat. Il recevra évidemment tous les groupes politiques qui le veulent. Mais on ne peut pas changer le cadre du réel. Je pense que la question que pose le Premier ministre, c'est : 'est-ce qu'on est d'accord sur le réel ?', 'est-ce qu'on est d'accord pour voir ce que l'on voit ?'. Ce que l'on voit, c'est qu'il faut faire des efforts, des réformes, des économies pour que notre pays reste un grand pays.
Les oppositions vont lui répondre non le 8 septembre.
Nous verrons bien, c'est dans quinze jours. Il faut convaincre chacun des parlementaires, et surtout parler aux Français, c'est eux qui décident à la fin.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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