"Si vous voulez construire quelque chose, vous êtes obligés d'accepter les compromis", estime la ministre de la Ville Juliette Méadel
Ministre de la Ville du gouvernement Bayrou, Juliette Méadel est l'invitée de franceinfo jeudi 4 septembre. Elle revient sur le vote de confiance à venir, et sur les propositions du Parti socialiste en cas de dissolution.
Les socialistes se mettent en position d'être à Matignon. Est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qui peut sauver le pays ?
Juliette Méadel : Je crois qu'au-delà des problématiques tactiques du Parti socialiste, la seule solution pour le pays, compte tenu de l'actuelle Assemblée nationale, c'est une coalition qui va de la gauche responsable à la droite raisonnable. C'est la seule solution.
Le pivot, c'est le bloc central avec un socialiste qui est dans une logique de soutien ou dans une logique d'abstention ?
Il faut un Parti socialiste qui dise "Nous n'allons pas bloquer le pays et nous sommes favorables à ce qu'il y ait un budget qui soit un budget sérieux". Ça, c'est très important parce qu'il faut que notre dépense publique soit quand même limitée. En même temps, pouvoir dire qu'on investit sur ce qui est utile, je l'ai vécu dans mon portefeuille de ministre de la Ville. Nous avons priorisé nos investissements sur les enfants et les jeunes parce que c'est efficace et utile. Et en même temps, j'ai fait diminuer la dépense publique là où il n'y avait pas de répercussions concrètes pour les gens. Je crois que ça, on peut le faire avec un peu de volonté, un peu de courage, et en étant surtout social, parce que la vocation de la République aujourd'hui, c'est d'être social, surtout dans la situation que connaissent nos concitoyens.
"Vous croyez vraiment que les Français ont envie qu'on les fasse revenir aux urnes tous les 14 mois ?"
Vous n'avez pas envie de croire que le Parti socialiste pourrait demain diriger un gouvernement ? Ça ne vous paraît pas une piste crédible ou souhaitable ?
Non, parce que je vais vous dire. L'actuel Parti socialiste a pris des options politiques qui ne sont pas les miennes. Moi, je n'aurais pas mêlé mes voix à celles de la France insoumise. Ça fait huit ans que je le dis et je le maintiens. Et autant je suis favorable à ce qu'on revienne sur les mécanismes d'optimisation fiscale pour mettre de la justice fiscale dans le pays et de l'équité. Autant je suis favorable à plus de dépenses sociales, notamment sur l'éducation et la santé. Mais je pense qu'il faut être beaucoup plus sérieux dans la façon dont nous gérons le pays. Vous avez aujourd'hui, c'est vrai, beaucoup d'interventions sur les champs sociaux, il faut coordonner tout ça. Pas que pour réaliser des économies, mais parce que pour les citoyens, c'est plus efficace. Donc je crois qu'en mettant plus de coordination, plus de simplicité dans l'accès aux services publics, nous ferons des économies, nous serons plus efficaces. Et je ne vois pas d'autres solutions pour le pays qu'une dépense publique plus efficace, un investissement plus productif. Parce qu'aujourd'hui on paye de la dette pour une dépense inefficace. Mais attention, en priorisant la dépense sociale pour les plus vulnérables.
On entend en ce moment, du côté de l'Élysée, que le plus plausible serait un bloc central. Avec Gérald Darmanin ministre de l'Intérieur parce qu'il est gaulliste social. Est-ce que vous pensez que ça peut être avalé par les socialistes ?
Je vais vous décevoir, mais tout dépend vraiment de l'objectif, c'est-à-dire de la ligne et de l'équilibre qui est créé et qui est négocié. Mais si seulement nous étions dans une phase où tout est possible et où la grande coalition que le Premier ministre appelle de ses vœux, encore jusqu'à lundi 1er septembre, pouvait s'organiser. Comme dans d'autres pays en Europe, où, quand il n'y a pas de majorité, tout simplement, le président ou le chef de l'exécutif dit aux parlementaires : "Mettez-vous d'accord". Voire font un vote de défiance constructif, c'est-à-dire "On est contre vous mais on vous propose une alternative, mais proposez quelque chose". Moi, ce qui me navre dans cette histoire, c'est que le président de la République et le Premier ministre proposent quelque chose. Un cadre qui est issu d'une nouvelle majorité qui vient des élections de 2024. Nous avons voté il y a 14 mois. Vous croyez vraiment que les Français qui, aujourd'hui, cherchent à joindre les deux bouts, ont envie qu'on les fasse revenir aux urnes tous les 14 mois ? Mais quel aveu d'incompétence ! Vous voyez, ce n'est pas sérieux, c'est à nous, responsables politiques, de nous mettre d'accord.
"Ce n'est pas infamant un compromis, au contraire, ça oblige à convaincre"
Les socialistes proposent cette méthode qui consisterait à gouverner sans le 49.3. Donc ils disent "On s'engage, on ne présentera que des textes qui seront négociés à l'Assemblée". Ça, c'est une proposition...
C'est une proposition. Mais avant d'être en situation de proposer des textes sans 49.3, il faut être en situation d'avoir la majorité au Parlement et à l'Assemblée nationale. Or, ils ne veulent plus travailler avec le bloc central.
Mais personne n'a la majorité et personne n'arrive à construire cette coalition...
C'est pour ça que, pour sortir de l'impasse, il faut accepter la coalition. Il faut accepter de discuter. Si vous arrivez en disant "Alors nous, on vient mais attention seulement avec les nôtres, on ne discute pas avec le bloc central"... Mais ce sont des maths ! De toute façon, ça ne passe pas. Et par ailleurs, au-delà des histoires de calcul de voix, le sens de l'histoire en Europe aujourd'hui, ce sont les logiques de coalition. Il y a aujourd'hui, en gros, trois blocs en France. RN, LFI et une espèce de centre-droit, centre-gauche, que j'appelle "de la gauche raisonnable à la droite responsable". En attendant, il y a deux blocs aux extrêmes qui veulent le chaos. Ce que j'appelle le chaos, c'est la dissolution des missions du président, alors que nous avons voté il y a peu de temps. Donc si vous voulez construire quelque chose et que vous ne voulez pas tomber soit du côté insoumis soit du côté RN, vous êtes obligés d'accepter les compromis. Ce n'est pas infamant un compromis. Au contraire, ça oblige à convaincre.
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