Chute du gouvernement de François Bayrou : visualisez l'instabilité politique depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022

Article rédigé par Valentin Stoquer
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Lundi 8 septembre, l'Assemblée nationale a renversé le gouvernement de François Bayrou. (BERTRAND GUAY / AFP)
Lundi 8 septembre, l'Assemblée nationale a renversé le gouvernement de François Bayrou. (BERTRAND GUAY / AFP)

L'Assemblée nationale a largement voté lundi soir contre la confiance au gouvernement de François Bayrou. Le Premier ministre est donc contraint à la démission, ouvrant, pour la troisième fois en un an, la voie à la nomination de son successeur par le chef de l'Etat.

Encore un poussé vers la sortie. François Bayrou et ses ministres n'auront finalement résisté que quelques mois. Les députés ont très largement voté contre la confiance au gouvernement, lundi 8 septembre, avec 364 voix contre et seulement 194 pour. Le Premier ministre, qui avait lui-même convoqué ce vote, est donc contraint de remettre sa démission et celle de son cabinet au président de la République. Cette deuxième chute d'un chef de gouvernement face aux députés, après la motion de censure qui a emporté Michel Barnier le 4 décembre 2024, révèle un peu plus l'instabilité politique qui règne en France depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022 et les législatives anticipées convoquées à l'été 2024, qui ont dessiné une Assemblée nationale plus divisée que jamais, sans majorité claire pour gouverner.

Un des principaux signes de cette instabilité réside dans le nombre de Premiers ministres que les Français ont vu défiler. Rien que durant l'année 2024, il y a eu quatre chefs de gouvernement différents : Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou. A titre de comparaison, c'est deux de plus que pendant tout le premier quinquennat du chef de l'Etat, entre 2017 et 2022 (Edouard Philippe et Jean Castex).

François Bayrou, sixième Premier ministre d'Emmanuel Macron, est resté 270 jours en fonction. C'est le quatrième mandat le plus court sous la Ve République, derrière Gabriel Attal (189 jours), Bernard Cazeneuve (160 jours) et Michel Barnier (90 jours). Cette valse incessante au sein de l'exécutif depuis un an et demi a une conséquence visible à l'Assemblée nationale comme au Sénat. Les gouvernements successifs ont produit moins de projets de loi et laissé l'initiative législative aux parlementaires.

Deux mois sans nouveau gouvernement

Démission après démission, la question revient : qui sera le prochain Premier ministre ? En attendant sa nomination par le chef de l'Etat, le gouvernement démissionnaire gère les affaires courantes du pays. L'histoire de la Ve République a vu se succéder les passations de pouvoir rapides, en général le jour même ou le lendemain. Toutefois, Emmanuel Macron a été contraint de temporiser avant de nommer Michel Barnier puis François Bayrou, signe du numéro d'équilibriste qui se joue depuis sa réélection à chaque renouvellement du chef du gouvernement, entre les composantes du camp présidentiel et les oppositions.

A l'été 2024, après la dissolution prononcée par le chef de l'Etat et les élections législatives qui ont suivie, la France est restée 51 jours avec le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, officiellement débarqué le 16 juillet, à dix jours du début des Jeux olympiques de Paris. Rebelote début décembre, après la censure de Michel Barnier, avec neuf jours de gestion des affaires courantes. En 2024, des ministres démissionnaires ont ainsi gouverné la France pendant deux mois complets. Du jamais-vu sous la Ve République.

Le casse-tête habituel du casting

Reste que nommer un Premier ministre ne constitue qu'une première étape, composer un gouvernement en étant une autre bien épineuse. Là aussi, la crise politique que traverse le pays depuis plus d'un an n'aide pas. Quand les précédents Premiers ministres donnaient en moyenne une liste dans les deux jours suivant leur nomination en moyenne, Michel Barnier et François Bayrou ont tardé. Jamais une liste de ministres n'avait pris autant de temps qu'avec le premier cité : seize jours de tractations avant que le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, apparaisse sur le perron du palais présidentiel pour annoncer les noms. Sous François Bayrou, cela a pris dix jours.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron va donc nommer son cinquième Premier ministre en moins de trois ans et demi. Si des noms circulent, les négociations pour former un gouvernement apparaissent complexes tant les groupes politiques à l'Assemblée sont fragmentés.

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