Soupçons sur le financement des campagnes de 2022 et 2024, siège et domiciles visés... Ce que l'on sait des perquisitions qui visent le Rassemblement national

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en juillet 2024 sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Marine Le Pen de 2022 et des législatives qui ont suivi, ainsi que des européennes de 2024.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Marine Le Pen et Jordan Bardella, en visite au salon du Bourget, près de Paris, le 19 juin 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)
Marine Le Pen et Jordan Bardella, en visite au salon du Bourget, près de Paris, le 19 juin 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Un jour, une nouvelle affaire judiciaire. Après l'annonce mardi de l'ouverture d'une enquête par le Parquet européen sur le Rassemblement national et ses alliés pour des dépenses injustifiés au Parlement européen, c'est cette fois en France que le parti de Jordan Bardella est inquiété par la justice. Une perquisition a été menée, mercredi 9 juillet, au siège du RN dans le cadre d'une enquête pour financement illicite des campagnes électorales. Le parquet de Paris a confirmé à franceinfo l'information dévoilée quelques minutes plus tôt par le président du parti d'extrême droite, dans un message sur X. Franceinfo vous détaille les dessous de ces perquisitions.

Une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris sur les campagnes de 2022 et 2024

"Depuis 8h50 ce matin, le siège du Rassemblement national – y compris les bureaux de ses dirigeants – fait l'objet d'une perquisition menée par une vingtaine de policiers de la Brigade financière, armés et en gilets pare-balles, accompagnés de deux juges d'instruction", a annoncé le patron du RN.

"Tous les mails, documents et éléments de comptabilité du premier parti d'opposition sont saisis, sans que nous sachions à ce stade quels sont précisément les griefs qui en sont le fondement, a poursuivi Jordan Bardella dans son message. Tout juste savons-nous que l'intégralité des dossiers qui concernent les dernières campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes – soit toute l'activité électorale du parti – sont aujourd'hui entre les mains de la justice." 

Ces perquisitions ont été menées dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en juillet 2024 sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Marine Le Pen de 2022 et des législatives qui ont suivi, ainsi que des européennes de 2024, a annoncé ensuite le parquet de Paris. Celui-ci a précisé que d'autres perquisitions avaient été menées simultanément dans des sociétés et au domicile de leurs dirigeants.

Ces investigations doivent "permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l'Etat des dépenses de campagne", a ajouté le parquet.

Un signalement effectué par la Commission nationale des comptes de campagne

L'information judiciaire a été ouverte après un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) pour des prêts accordés par des particuliers au mouvement d'extrême droite. Ces prêts sont autorisés, selon des conditions précises et avec un plafond, mais le RN est "le parti qui les a le plus utilisés", avait expliqué le 1er juillet dernier le président de la CNCCFP, Christian Charpy.

Ces dernières années, le parti à la flamme a "concentré une forte majorité" de ce type d'emprunts : 613 en 2021 sur un total de 764 tous partis confondus, puis 425 en 2022 (sur un total de 492) et encore 96 en 2023 (sur un total de 123), selon ce responsable.

Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser "auprès de personnes physiques", le plus ancien remontant à 2007. "Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés", avait souligné Christian Charpy la semaine dernière. "On a remboursé tous les prêts faits par des particuliers, en appliquant le taux d'intérêt conseillé par la CNCCFP", assure à franceinfo Laurent Jacobelli, député de Moselle et porte-parole du RN.

Le RN s'insurge contre "une farce" et "une nouvelle persécution judiciaire"

"Cette opération, spectaculaire et inédite, s'inscrit clairement dans une nouvelle opération de harcèlement. C'est une atteinte grave au pluralisme et à l'alternance démocratique. Jamais un parti d'opposition n'a subi un tel acharnement sous la Ve République", a estimé Jordan Bardella sur X. "Soupçonner d''exercice illégal de la profession de banquier' nos militants –souvent âgés, honnêtes, engagés – qui prêtent au RN faute de banque prête à le faire, c'est une farce", a-t-il fustigé dans un nouveau message sur X

Les cadres du RN ont immédiatement embrayé et dénoncé des perquisitions politiques. "L'intégralité du travail des dernières campagnes a été aspirée. Cette mise en scène grotesque et insultante pour notre démocratie n'a pour but que d'avoir accès à tous les échanges internes et personnels du premier parti de France", a ainsi critiqué sur X la députée et porte-parole du groupe RN Laure Lavalette. Le député RN de l'Yonne Julien Odoul évoque, lui, "une nouvelle persécution judiciaire", tandis que son collègue de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, parle de "mensonges" et de "magouilles" de la part du "Système". "Le système sombre dans les manœuvres sordides de harcèlement judiciaire-spectacle", a lui aussi pointé Sébastien Chenu, vice-président du groupe RN. Marine Le Pen n'a, elle, pas encore réagi. 

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