"On ne veut pas alimenter l'idée d'un plan B" : au RN, la solution Bardella pour remplacer Marine Le Pen en 2027 n'est pas d'actualité

Inéligible ou pas en 2027 ? Le sort judiciaire de Marine Le Pen, qui a fait appel de sa condamnation, laisse planer une incertitude. Pour autant, l'hypothèse de son remplacement par Jordan Bardella pour la prochaine présidentielle n'est pas privilégiée pour l'instant.

Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen et Jordan Bardella, le 14 septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Marine Le Pen et Jordan Bardella, le 14 septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le RN se prépare au meeting de soutien à Marine Le Pen, dimanche 6 avril à Paris, après sa condamnation à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate. Le parti appelle ses militants à se rassembler dans le 7e arrondissement, où Jordan Bardella et Marine Le Pen vont se succéder sur scène pour rappeler qu'il n'y a pas d'alternative à la candidature de cette dernière à la prochaine élection présidentielle. Depuis lundi, l'hypothèse d'un plan B comme Bardella est devenue presque taboue.

C'est même comme si ce plan B comme Bardella n'avait jamais existé. C'est pourtant Marine Le Pen elle-même qui a installé dans l'opinion l'idée qu'elle avait un successeur tout trouvé, si elle se retrouvait empêchée de se présenter à la présidentielle. Mais lundi, la consigne est donnée à tous les élus du RN de passer sous silence cette hypothèse.

Les jours qui suivent, la patronne des députés du RN enfonce le clou dans la presse : "Jordan Bardella est un atout formidable pour notre mouvement mais il n'est pas question aujourd'hui d'envisager un plan B." Un député RN qui commentait, il y a une semaine encore, les forces et les faiblesses d'une candidature de Jordan Bardella à la présidentielle ferme aujourd'hui la porte : "Ça n'existe pas, il n'y a qu'une candidature, celle de Marine Le Pen." 

Marche arrière

Comment expliquer cette marche arrière alors que le risque pour Marine Le Pen de ne pas pouvoir se présenter n'a jamais été aussi fort ? "Humainement, ce n'est pas possible, confie un proche de la triple candidate à la présidentielle, on ne peut pas effacer Marine Le Pen comme ça, en un claquement de doigts. On verra après l'été 2026, il restera beaucoup de temps pour parler du plan B." Il y a évidemment une stratégie derrière tout ça, résumée par un autre député : "On ne veut pas alimenter l'idée d'un plan B, sinon ça accrédite l'idée que la justice a gagné. Donc on temporise !"

Ce scénario du plan B réveille aussi peut-être un traumatisme au RN : celui de la guerre des chefs à la fin des années 90 entre Jean-Marie Le Pen, déclaré lui aussi inéligible, et Bruno Mégret, son numéro 2 qui finira par le trahir. Marine Le Pen a vécu de très près cet épisode qui a conduit à la scission du parti.

Dans l'entourage de Jordan Bardella, on fait bonne figure. "Ça n'a rien à voir, Jordan est fidèle, il ne trahira jamais Marine Le Pen. Il faut que vous compreniez que tous les deux forment un binôme." Un binôme où c'est l'aînée qui décidera, seule, du moment où elle passera le témoin à son dauphin.

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