Présidentielle 2027 : comment le RN se prépare à financer sa future campagne, malgré les condamnations

Après les condamnations prononcées en mars contre Marine Le Pen et d'autres membres du Rassemblement national, le parti se prépare aux refus des banques de financer sa future campagne. D'autant qu'il doit aussi payer une lourde amende au Parlement européen, qu'il n'a pas pour l'instant les moyens de régler.

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen a demandé à Jordan Bardella de se préparer à devoir la remplacer pour la présidentielle de 2027. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Marine Le Pen a demandé à Jordan Bardella de se préparer à devoir la remplacer pour la présidentielle de 2027. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le Rassemblement se prépare pour l'élection présidentielle de 2027, et la campagne qu'il faudra financer. Avec ou sans Marine Le Pen, qui a confié mercredi 25 juin à l'hebdomadaire Valeurs actuelles avoir "demandé à Jordan Bardella de se préparer à l'éventualité" qu'il doive se présenter à sa place. Elle attend en effet son procès en appel, après sa condamnation en première instance, en mars, pour détournement de fonds publics.

Pour financer sa campagne, le RN a prévu d'envoyer des dossiers à une cinquantaine de banques, indique le trésorier Kévin Pfeffer. Le parti ne peut plus, comme il l'a fait par le passé, se tourner vers des banques russes, mais il sollicite toujours des établissements étrangers, européens. Et pas seulement en Hongrie où le RN avait contracté son dernier prêt en 2022.

Tous les principaux établissements français ont aussi été sollicités. Sans grand espoir… "S'ils refusent encore une fois de nous prêter de l'argent, nous les mettrons devant leur responsabilité", menace un député car malgré ses bons scores, le RN n'a pour l'instant jamais réussi à se financer auprès des banques françaises.

Avec, cette fois, une difficulté nouvelle pour le parti : l'incertitude qui découle de la condamnation de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité. Pour rassurer les banques, le parti explique dans son dossier que les sondages sont aussi bons pour la triple candidate à la présidentielle que pour son remplaçant potentiel, Jordan Bardella. Car le Rassemblement national demande beaucoup d'argent aux banques : 12 millions d'euros. C'est la somme maximale remboursé par l'Etat à tous les partis qui font plus de 5% au premier tour.

Dans l'attente des subventions de l'Etat

Le parti doit par ailleurs s'acquitter d'une facture qu'il n'avait pas prévue, liée elle aussi à la condamnation de Marine Le Pen, ou plutôt de son parti, dans l'affaire des assistants d'eurodéputés. Le RN doit bientôt payer, avec exécution immédiate donc sans attendre l'appel, 3,5 millions d'euros de dommages et intérêts au Parlement européen. C'est une somme conséquente mais que le parti peut, sur le papier, se permettre de débourser car il va recevoir cette année un total de plus de 14 millions d'euros de subvention de l'Etat. Subvention calculée sur la base du score de chaque formation politique aux législatives.

Sauf que pour l'instant, seule la moitié de cette enveloppe a été versée au Rassemblement national. Il faudra attendre que tous les recours déposés pour irrégularités dans les comptes de campagne soient épuisés, avant que la deuxième moitié de l'enveloppe soit versée.

Bref, c'est complexe. Mais Kévin Pfeffer, le trésorier du parti, prévient : "Si on ne touche pas rapidement la subvention de l'Etat, on ne pourra plus payer les salaires." Et c'est tout le paradoxe : le Rassemblement national est le parti qui fait les meilleurs scores aux deux dernières élections nationales mais sa situation financière est toujours très précaire.

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