Perquisitions à Paris, enquête européenne, appel du jugement de Marine Le Pen... Ces affaires judiciaires qui visent le Rassemblement national

Le parti de Jordan Bardella fait face à plusieurs affaires judiciaires qui se sont récemment accumulées, dont la plus emblématique concerne l'ancienne candidate à la présidentielle Marine Le Pen.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président du RN, Jordan Bardella, et Marine Le Pen, la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, le 1er mai 2025 à Narbonne (Aude). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Le président du RN, Jordan Bardella, et Marine Le Pen, la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, le 1er mai 2025 à Narbonne (Aude). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Une nouvelle affaire judiciaire vise le Rassemblement national. Le siège du parti de Jordan Bardella, dans le 16e arrondissement de Paris, a été perquisitionné mercredi 9 juillet dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de la capitale sur le financement de campagnes électorales. L'ex-Front national est cité dans plusieurs enquêtes ou affaires judiciaires, dont la plus importante pourrait empêcher Marine Le Pen d'être candidate à l'élection présidentielle de 2027. Franceinfo vous les résume.

Une information judiciaire visant les campagnes électorales de 2022 et 2024

Les perquisitions opérées mercredi s'inscrivent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par la justice française le 3 juillet 2024 sur des prêts accordés par des particuliers au RN, après un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser "auprès de personnes physiques", le plus ancien des prêts remontant à 2007. "Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés", ce qui serait "contraire au Code électoral", avait souligné la semaine dernière le président de la CNCCFP, Christian Charpy.

L'enquête vise les campagnes présidentielle et législatives de 2022 et celle des élections européennes de 2024. Le parquet de Paris a évoqué des soupçons de "prêts illégaux de particuliers", de "surfacturations de prestations" ou encore de "facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l'Etat des dépenses de campagne". Jordan Bardella a pris les devants et annoncé publiquement ces perquisitions sur son compte X.

Une enquête du Parquet européen pour des irrégularités financières

L'annonce est tombée la veille des perquisitions au sein du siège du RN. Le Parquet européen a annoncé mardi 8 juillet avoir ouvert une enquête sur la famille politique à laquelle appartenait le RN au Parlement européen avant 2024 pour diverses irrégularités financières.

L'ex-groupe Identité et Démocratie (ID), dans lequel siégeaient les eurodéputés du Rassemblement national, est suspecté d'avoir "indûment dépensé" plus de 4,3 millions d'euros entre 2019 et 2024, selon un rapport de la direction des affaires financières de l'institution de l'Union européenne, révélé par plusieurs médias début juillet.

"J'y vois le signe d'une nouvelle opération de harcèlement de la part de l'administration du Parlement européen qui, de manière extrêmement inquiétante, a pris la responsabilité de diffuser des correspondances internes dans le cadre même d'une procédure contradictoire", a dénoncé Jordan Bardella, lors d'une conférence de presse à Strasbourg. 

Un procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés

C'est sans doute l'affaire la plus emblématique et la plus problématique pour Marine Le Pen. La cheffe de file des députés RN a été condamnée le 31 mars à cinq ans d'inéligibilité immédiate et quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet, dans le dossier des assistants d'eurodéputés du parti.

Le tribunal correctionnel de Paris a estimé que l'ancienne candidate à la présidentielle était au "cœur" d'un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l'argent du Parlement européen, à hauteur de 4 millions d'euros, entre 2004 et 2016.

Le Rassemblement national et 12 personnes condamnées dans le dossier, dont Marine Le Pen, ont fait appel du jugement en avril. Un procès en appel est prévu au premier semestre 2026 avec une décision attendue à l'été 2026. Il sera déterminant pour l'avenir politique de Marine Le Pen et sa capacité à se présenter à l'élection présidentielle de 2027. En attendant, la présidente du groupe RN est bien obligée de considérer le plan B comme Bardella. "J'ai intégré l'hypothèse que je ne puisse pas me présenter. Jordan [Bardella] a intégré la possibilité qu'il doive reprendre le flambeau. Je lui ai moi-même demandé de réfléchir et de se préparer à cette éventualité", assurait-elle à Valeurs actuelles , le 25 juin. 

La finaliste des élections présidentielles de 2017 et 2022 entend néanmoins se battre sur tous les fronts judiciaires. En plus du procès en appel, elle a annoncé, le 8 juillet, avoir saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour contester la peine d'inéligibilité avec effet immédiat à laquelle elle a été condamnée. Une demande rejetée dès le lendemain par la Cour, "au motif qu'en tout état de cause, l'existence d'un risque imminent d'atteinte irréparable à un droit protégé par la Convention [européenne des droits de l'homme] ou ses protocoles n'est pas établie".

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