Reportage "Je le vois vraiment dans la ligne du pape François" : à Rome, les religieux jugent les premiers pas de Léon XIV

Article rédigé par Agathe Mahuet, Cécile Bidault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La foule rassemblée place Saint-Pierre, jeudi 8 mai, après l'élection du pape Léon XIV. (STEFANO RELLANDINI / AFP)
La foule rassemblée place Saint-Pierre, jeudi 8 mai, après l'élection du pape Léon XIV. (STEFANO RELLANDINI / AFP)

La présentation du nouveau pape, Léon XIV, jeudi soir, a provoqué une vague d'émotions dans la foule de fidèles et de religieux amassée place Saint-Pierre.

En rouge, blanc et or, lunettes sur le nez, le nouveau pape est apparu, jeudi 8 mai, vers 19h30, à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Léon XIV s'est présenté à la foule venue en nombre pour assister à sa première prise de parole en tant que souverain pontife. Une soirée de fête place Saint-Pierre. Certains avaient fait en sorte d’être au plus près du nouveau pape, comme Bruno, originaire de Montréal qui était "à dix rangées du balcon". "Quand la fumée blanche est sortie, tout le monde crie. J’ai appelé mon garçon, il a décroché, j’ai hurlé 'fumée blanche, fumée blanche, on a un pape'", raconte le Canadien.

Bruno sait déjà que ce pape Léon XIV va lui plaire : "Il n'était pas dans le top 10 des papabili, mais son  nom était quand même sorti, catégorie modéré, progressite, donc continuité de François, et puis quelqu'un qui connecte facilement avec les gens."

"Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit lui"

Accoudée aux barrières, les yeux fixés sur ce balcon où est apparu le premier pape de l’histoire venant des Etats-Unis, une jeune Américaine de 26 ans, Fallon, laisse couler de grosses larmes. "Je ne pensais pas que ça me procurerait autant d'émotions", confie-t-elle. "Vu que je suis de Chicago et que c’est un pape originaire de Chicago, je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit lui. Ça me rend très fière d'être une catholique américaine et en particulier de cette ville-là", poursuit la jeune femme.

Plus loin, des petits groupes de jeunes fidèles sautillent, chantent en italien, en espagnol. Andrès Inca, lui est originaire du Pérou, où le nouveau pape a vécu 20 ans. "C’est une émotion indescriptible, une émotion très forte", témoigne le jeune péruvien qui a quand même eu du flair : il est venu place Saint-Pierre, habillé tout en rouge et blanc, couleurs de son pays, un grand drapeau sur les épaules.

"C'est un moment historique", affirme Nora. Comme beaucoup, cette Américaine historienne de l'art a ce sentiment d’avoir vécu une soirée gravée à jamais. Et le nom du pape, Léon, lui semble très bien : "C'est le nom de mon chien alors je suis encore plus fière", s'amuse-t-elle.

"Un clin d'œil de la vie"

Tandis que la foule prie avec le pape, le père Valentin, soutane noire et col romain, se tient un peu à l'écart. Ce prêtre italien qui exerce en Allemagne vient d'apprendre que Léon XIV est certes américain, mais avec des origines françaises, italiennes et qu'il a exercé au Pérou. "Ça donne des possibilités pour connecter tout le monde, donc on est contents", affirme le prêtre.

Tout sourire, sœur Doris, québécoise, ne peut pas s'empêcher de penser aux relations plus que tendues que le président des Etats-Unis Donald Trump entretenait avec le pape François. Le nouveau souverain pontife a critiqué, en février, les prises de position de Donald Trump et de son vice-président J.D. Vance. "Dans le contexte où nous sommes là, je trouve que cette nomination est un clin d'œil de la vie", estime sœur Doris. "Nos cardinaux sont sensibles à ce qui se vit dans notre monde. Ils sont sensibles à la situation sociale, politique, aux conflits, aux polarisations", poursuit-elle.

Une Eglise sociale et inclusive avec Léon XIV ?

Sur la question sociale, le père Martin, jeune prêtre français, attend aussi beaucoup du nouveau pape. "Léon XIV dans la suite de Léon XIII qui a eu une importance dans la formation de la doctrine sociale de l'Eglise, donc, selon moi, c'est un très bon signe", souligne-t-il. "Les mots qu'il a utilisés, l'importance de la paix en plus dans le contexte international qu'on connaît aujourd'hui. Et là-dessus, moi, je le vois vraiment dans la ligne du pape François et je pense que c'est aussi la vocation des papes, des successeurs, des papes, d'être dans la ligne de leurs prédécesseurs", détaille-t-il.

Une Eglise inclusive, c'est aussi ce qu'on appelle de ses vœux sœur Marie-Emmanuelle : "On ne peut plus revenir en arrière. C'est l'ouverture absolue et c'est ça qui compte." La religieuse estime que Léon XIV doit continuer le travail sur la place des femmes dans l'Eglise entrepris par son prédécesseur. "Bien sûr, il va continuer. On a tout à y gagner. Je pense qu'on aura toute notre place", assure-t-elle. Le pape François a nommé des femmes à des postes importants de l'administration du Vatican, mais la question des femmes diacres, voire prêtres, reste entière.

De nombreux fidèles et religieux ont assisté avec émotion à la présentation du pape Léon XIV, place Saint-Pierre. Un reportage d'Agathe Mahuet.

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