: Vidéo "L'Église en Italie a beaucoup d'influence sur les questions politiques" : à Rome, les LGBTQIA+ redoutent un pape plus conservateur

La phrase avait marqué le début de son pontificat. Fin juillet 2013, le pape François est dans l'avion qui le ramène du Brésil et répond aux journalistes présents. "Si une personne est gay, cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?", déclare le souverain pontife. Dix ans plus tard, le pape revient cette fois du Sud-Soudan. Il répond une nouvelle fois aux questions dans l'avion et déclare que "la criminalisation de l'homosexualité est un problème qu'il ne faut pas laisser passer".

Des positions rares pour un pape, même si les véritables changements dans l'Eglise restent faibles, avec notamment des bénédictions pour les fidèles homosexuels autorisées, mais dans un cadre strict. Les avancées, bien que modestes, réalisées sous le pontificat de François pourraient être remises en question par un successeur plus traditionnel, alors que le conclave s'ouvre mercredi 7 mai. "Je crois que le pape François a eu impact positif, si on regarde par rapport aux autres papes. Mais c'est un pape, il ne va pas s'exposer en défendant nos droits", explique Sofia, militante LGBTQIA+ qui participe à une marche lesbienne à Rome.

"Il y a un risque que ce soit une personne plus conservatrice"

Prévue de longue date, la marche devait déambuler dans la capitale italienne le samedi 26 avril. Elle n'a pu avoir lieu en raison des funérailles du pape François et est devenue un rendez-vous statique dans un quartier excentré du centre-ville. "Beaucoup de personnes LGBTQIA+ croient sincèrement en l'Église et en Dieu. Donc le pape est crucial pour une grande partie de la communauté", explique Angelica, qui fait partie de l'organisation de la manifestation. "C'est pourquoi nous nous soucions de l'agenda du pape. Car nous savons à quel point il peut avoir un impact positif ou négatif sur les droits et la vie des personnes LGBTQIA+ dans le monde entier", poursuit la membre active de la communauté LGBT romaine.

L'influence considérable de l'Église catholique sur les questions sociales en Italie amplifie ces préoccupations. Diana, une autre voix de la communauté, partage cette appréhension : "Je crains l'élection du nouveau pape. Je pense qu'il y a un risque que ce soit une personne plus conservatrice, et l'Église en Italie a beaucoup d'influence sur les questions politiques et sociales des personnes homosexuelles."

Cette inquiétude est d'autant plus vive dans le contexte italien, comme le souligne Angelica : "Pour être honnête, nous avons très peur, parce que l'Italie est l'un des pires pays d'Europe en ce qui concerne la reconnaissance des droits des personnes LGBTQIA+. Il n'existe par exemple qu'une union civile pour les couples de même genre et nous savons que ce n'est pas l'équivalent du mariage." Il n'y a pas non plus d'accès à la PMA ni à l'adoption pour les couples de même genre, souligne Sofia, qui redoute avec le prochain pape que cela devienne "un sujet plus difficile à porter dans l'espace public".