Traque des migrants aux États-Unis : jusqu'où ira la ICE, la très controversée police de l'immigration ?

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Article rédigé par France 2 - D. Schlienger, Z. Boughzou, L. Soudre, A. Filippi, M. Zambrano - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Aux États-Unis, les critiques contre Donald Trump se concentrent sur la radicalité et la violence assumée de sa police de l’immigration, l'ICE, comparée à des "chasseurs de prime du Far West".

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Un livreur face à ICE, la police de l'immigration : Les agents lui courent après dans les rues de Chicago (Illinois, États-Unis), le 28 septembre dernier. Il slalome et, d'un coup de pédale, parvient à leur filer entre les doigts. La vidéo est devenue virale, comme l'un des rares exemples où ICE a laissé échapper sa proie. Car, sous les ordres de Donald Trump, la chasse à l'homme, ou plutôt aux hommes, est ouverte. Qu'importe le casier judiciaire, toute personne en situation irrégulière est traquée pour être expulsée, quelle que soit l'heure ou le lieu.

"On a la peur au ventre"

Ce jour-là sur parking à Chicago, une descente vient tout juste de se produire. "C'était le chaos, ça s'est passé en à peine quelques secondes. Ils ont essayé de fuir mais ils ont tous été attrapés", témoigne un homme. Alors qu'ils s'apprêtaient à aller travailler, 20 migrants ont été emmenés malgré les protestations des riverains. Des interventions éclair, sur les lieux de travail. Sur des images, un employé de supermarché est mis à terre, et menotté par des agents en civil. De nombreux livreurs sans papiers ont été arrêtés en pleine rue, en pleine course.

À Washington, les rares personnes rencontrées par France Télévisions se font discrètes. "On a la peur au ventre parce qu'à n'importe quel moment, ils peuvent nous attraper", confie un livreur. Une Vénézuélienne est entrée légalement aux États-Unis il y a trois ans, mais Donald Trump a annulé son visa, comme tant d'autres. "Je ne devrais pas avoir à courir car je ne suis pas une délinquante. Mais bon, je veux éviter les problèmes, alors oui, je fais demi-tour dès que je vois la police de l'immigration sur ma route", raconte-t-elle.

Les migrants comparés à des Pokémon dans des images de la Maison-Blanche

Le virage est politique. La Maison-Blanche elle-même a publié un montage vidéo, où la traque des illégaux est décrite comme un jeu, et les migrants comparés à des Pokémon. Alors, quand la police de l'immigration débarque, c'est le sauve-qui-peut. Sur des images, on voit un homme s'enfermer en catastrophe chez lui, la police à ses trousses. "Quand ils ont essayé de forcer la porte, je me suis mis comme ça, pour la bloquer de tout mon poids. Ma femme est tellement anxieuse qu'elle n'arrive plus à dormir", confie-t-il.

Certains ne sortent plus que pour emmener leurs enfants à l'école. Mais là encore, ICE les attend. Cet homme est marié avec une Américaine, et en pleine démarche pour obtenir la carte de résident permanent. L'agent enfonce la vitre à coups de canif. Parce que son visa a expiré, l'homme est arrêté.

À Washington, devant une école, des agents ont été repérés à plusieurs reprises en train de patrouiller. Alors, les parents en situation illégale n'osent plus accompagner leurs enfants jusqu'au portail. "J'ai peur. Je regarde un peu partout dans la rue, autour de moi. Mes enfants aussi sont effrayés pour moi. À chaque fois que je les laisse partir, ils me disent : fais attention à toi, maman", raconte une mère de famille.

La solidarité s'organise

Alors, la solidarité s'organise. Des bénévoles se relaient pour escorter ces enfants jusqu'en classe. "On veut vraiment faire quelque chose pour les aider. Ce ne sont pas les valeurs de l'Amérique. Nous sommes une nation d'immigrés", rappelle l'un d'eux. Selon les derniers sondages, une majorité des Américains considèrent que la police de l'immigration va aujourd'hui trop loin dans ses méthodes. "Depuis l'investiture de Donald Trump, 400 000 personnes ont été expulsées des États-Unis, près de 65 % d'entre elles avaient un casier judiciaire vierge", commente Diane Schlienger, de France Télévisions Washington. 

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