Turquie : la mort d'un jeune tué par la police ravive la contestation
Ce sont des milliers de personnes qui sont sorties manifester mardi soir en réponse à la mort d'un adolescent de 15 ans, mortellement blessé par la police en juin dernier. A moins de trois semaines avant les municipales, le régime islamo-conservateur est vivement contesté.
Des milliers de personnes sont sorties dans la rue mardi soir pour dénoncer le régime islamo-conservateurs qu'ils tiennent pour responsable de la mort après un long coma d'un adolescent de 15 ans, grièvement blessé par la police lors de la fronde antigouvernementale de juin dernier.
A moins de trois semaines d'un scrutin municipal ayant valeur de test pour le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, des rassemblement à la mémoire du Berkin Elvan, devenu un symbole de la répression policière, ont été organisés dans plus d'une dizaine de villes, notamment à Istanbul, Ankara, Izmir (ouest), et Denizli (nord-ouest).
Des heurts entre manifestants et policiers anti-émeute ont fait plusieurs blessés, ont précisé des témoins et les médias.
Une cinquantaine de manifestants ont été interpellés, selon les mêmes sources.
Plus de 5.000 personnes réunies sur la place de Kadiköy, un foyer de l'opposition sur la rive asiatique d'Istanbul, ont scandé "Berkin est vivant, il est immortel", bravant des dizaines de policiers et érigeant des barricades, selon l'agence de presse Dogan.
La police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui ont scandé des slogans hostiles au gouvernement. "Gouvernement assassin!", criaient-t-ils.
Les bars et restaurants de ce grand district ont été fermés en signe de deuil.
L'agitation a débuté tôt dans la matinée dès l'annonce du décès de l'adolescent, après 269 jours de coma. "Nous avons perdu notre fils à 07h00 (05h00 GMT), qu'il repose en paix", a écrit sa famille sur son compte Twitter.
De brefs mais violents incidents ont rapidement éclaté devant l'hôpital d'Istanbul, où des centaines de personnes étaient rassemblées pour rendre hommage à Berkin Elvan.
Des dizaines de manifestants ont attaqué un bus de la police, notamment en jetant des pierres, contraignant les forces de l'ordre à user de gaz lacrymogènes pour se dégager, selon un photographe de l'AFP.
Devant la presse, la mère de Berkin Elvan a mis en cause M. Erdogan. "Ce n'est pas Dieu mais le Premier ministre Erdogan qui m'a pris mon fils", a-t-elle déclaré en pleurs.
D'autres affrontements ont opposé dans l'après-midi la police à près de 2.000 étudiants de l'université technique du Moyen-Orient (ÖDTU) d'Ankara, un foyer de l'opposition. Les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau pour déloger les manifestants qui ont bloqué une artère.
Scènes similaires dans la soirée aux abords de la place centrale de Kizilay dans la capitale où plusieurs centaines de manifestants ont bravé la police anti-émeutes qui a fait usage de balles en caoutchouc. Au moins cinq manifestants ont été blessés et évacués dans des ambulances, ont indiqué des témoins à l'AFP.
Et au même moment sur la grande rue piétonne d'Istanbul, Istiklal, la police a également utilisé ses canons à eau pour disperser plusieurs centaines de manifestants tout comme dans le quartier voisin de Besiktas où se trouve le bureau stambouliote du Premier ministre.
Tout au long de la journée, des milliers de personnes, pour l'essentiel des lycéens et des étudiants, ont organisé des rassemblements ou des sit-in à Istanbul, Ankara, Izmir, Eskisehir (ouest) ou Antalya (sud) autour de photos de la victime.
Sorti chercher du pain
Dans l'après-midi, des centaines de personnes se sont pressées dans le quartier stambouliote d'Okmeydani, où réside la famille de la victime, de confession alévie (une minorité musulmane).
La mort de Berkin porte à sept le nombre de manifestants tués lors de la fronde qui a fait vaciller le régime islamo-conservateur à la mi-2013. Un policier avait aussi perdu la vie pendant ces événements qui ont fait plus de 8.000 blessés.
Sa famille dit avoir vu pour la dernière fois Berkin le 16 juin alors qu'il sortait de leur modeste appartement pour acheter du pain.
Selon des témoins, le garçon a été atteint par une grenade lacrymogène en pleine tête tirée par la police qui intervenait dans le quartier, en pleine vague de contestation contre le Premier ministre et sa "dérive autoritaire".
Ce mouvement, inédit depuis l'arrivée au pouvoir de la majorité islamo-conservatrice qui dirige le pays depuis 2002, avait agité pendant trois semaines la Turquie. Sa violente répression a écorné l'image de M. Erdogan.
Depuis la mi-décembre, M. Erdogan est en outre englué dans une affaire de corruption qui le met en difficulté, à trois semaines des élections municipales du 30 mars et avant la présidentielle prévue le 10 août.
Les obsèques de Berkin Elvan sont prévues mercredi à la mi-journée.
Seul un membre du gouvernement, le ministre des Communications Lütfi Elvan, a exprimé sa "grande tristesse" après le décès du jeune garçon.
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