Latifa Ibn Ziaten : "Ma grand-mère m'a dit de toujours regarder les gens dans les yeux et de garder le sourire"'
Latifa Ibn Ziaten est l'invitée du Monde d'Elodie. Elle confie l'espoir qui la maintient debout malgré la perte de son fils assassiné par Mohamed Merah.
"Ma grand-mère m'a dit de toujours regarder les gens dans les yeux et de garder le sourire", déclare Latifa Ibn Ziaten, la mère du premier militaire assassiné par Mohamed Merah à Toulouse et à Montauban en mars 2012. Elle est invitée sur franceinfo dans Le Monde d'Elodie.
Cet acte de terrorisme a transformé Latifa Ibn Ziaten en une messagère de la paix. Quelques jours seulement après le décès de son fils, elle décide de se rendre dans la cité où a grandi Mohamed Merah. Elle va y faire une rencontre avec des jeunes qui va la pousser à réagir.
Faire retrouver le droit chemin aux jeunes
Ils l'ont interpellée en lui disant "Madame, Mohamed Merah, c'est un martyr, un héros". Ce à quoi elle leur a répondu "mais réveillez-vous, c'est juste un assassin". Ces enfants se sentaient abandonnés par la République, lui ont-ils répliqué. Mais, pour elle, la République n'oublie personne. "Moi je ne l'ai pas oublié. Le jour où on est victime c'est pourtant facile mais il faut faire l'effort", considère-t-elle.
Résultat : elle a créé l'association au nom de son fils Imad association pour la jeunesse et la paix. Son but : sensibiliser les jeunes au risque djihadiste. En 2017, elle avait rencontré déjà plus de 10 000 personnes. C'est sa manière à elle de continuer à faire vivre son fils.
Un Islam de paix
Cette femme est musulmane pratiquante. Lorsqu'elle apprend que son fils a été assassiné au nom de l'Islam, elle ne comprend bien sûr pas. "Ce n'est pas mon Islam, l'Islam que j'ai appris à mes enfants, ce n'est pas l'Islam que j'ai appris", tonne celle qui a étudié sa religion durant quatre ans à l'école coranique. "Je n'ai jamais lu dans un livre d'aller tuer gratuitement un innocent."
Latifa Ibn Ziaten a été élevée par sa grand-mère au Maroc après la mort de sa propre mère. "Mon père ne m'a pas laissée aller à l'école. C'était un handicap pour moi parce que j'étais jeune fille, se rappelle-t-elle. Mais les jeunes filles doivent rester à la maison." Après un mariage par amour, elle a quitté le Maroc pour la France avec son mari.
Un changement de pays qui lui faisait peur au départ. "Aller dans un autre pays, c'est compliqué, surtout que je ne parlais pas français", indique-t-elle. C'est à ce moment-là que sa grand-mère lui a conseillé de ne jamais perdre son sourire. De toujours être apte au dialogue et à ne jamais baisser les bras. "La seule chose que je voulais c'était de rentrer dans la peau d'une femme française. Sa liberté, son mode de vie", admet-elle à propos de son arrivée. Une étape qu'elle a depuis amplement atteinte.
Rester debout quoi qu'il arrive
C'est aussi ce qu'elle a enseigné à ses enfants. À toujours rester debout. "Même quand tu te prends une claque, lève-toi". Pour elle, son fils est mort debout. C'est ce qui lui permet aussi de ne pas perdre pied. "Monsieur le procureur il m'a dit 'soyez fière de votre fils, il est mort debout comme soldat'. C'est un enfant bien élevé qui a donné dix ans à la République", témoigne-t-elle reconnaissante.
C'est pour ça qu'elle voulait que Christophe Willem écrive une chanson pour son fils. "J'attendais cette chanson avant de partir de ce monde. Je voulais laisser quelque chose à Imed pour quand je ne serai plus là", révèle Latifa Ibn Ziaten.
Sauf que le chanteur s'est plutôt inspiré de son courage de mère, pour finalement lui dédier sa chanson "Madame". "Quand il m'a envoyé la chanson, cela m'a fait des frissons. Il a compris ma douleur, mon combat, mes mots", le remercie-t-elle encore émue. Le mot qui restera de cette chanson sera bel et bien "debout".
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