: Témoignage "Je ne me résigne pas à l’idée d’être exécuté", confie un détenu dans le couloir de la mort depuis 30 ans aux États-Unis
Alors que l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, qui a aboli la peine de mort en France, entre au Panthéon, un détenu condamné à mort aux États-Unis s'est confié à France Inter.
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Robert Badinter, l'artisan de l'abolition de la peine de mort en France, entre jeudi 9 octobre au Panthéon, 20 mois après son décès, lors d'une cérémonie solennelle présidée par Emmanuel Macron.
Dans ce contexte, un détenu condamné à mort depuis 30 ans aux États-Unis, témoigne sur France Inter, "à l’approche d’un an de la date prévue pour mon exécution, j’ai bien conscience que, pour beaucoup, c’est déjà joué d’avance", confie Keith LaMar, incarcéré au pénitencier de sécurité maximale de Youngstown dans l'Ohio.
"Mais moi, je compte me battre jusqu’au bout, s’il le faut", affirme le détenu. Il entre en prison en 1989, après avoir plaidé coupable pour le meurtre d'un homme dans le cadre d'un trafic de drogue à Cleveland, sa ville natale. Quelques années plus tard, il est condamné à mort pour avoir tué 5 codétenus, lors d'une mutinerie dans le pénitencier où il est enfermé.
Son exécution reportée par pénurie de médicaments
Depuis sa cellule de "7 mètres carrés environ, grosso modo la taille d’un placard", il clame son innocence. Ses avocats soutiennent que des preuves à décharge ont été dissimulées et détruites pendant son procès, et que d'autres détenus ont bénéficié de remises de peine afin de pouvoir l'accuser, lui, après son refus de servir de délateur.
Keith LaMar aurait dû être exécuté le 16 novembre 2023, mais la pénurie de médicaments utilisés pour la peine par injection a contraint le gouverneur de l’Ohio à reporter l’exécution. Le tribunal lui a demandé de choisir la méthode qu’il préférait. "Je ne vais pas vous dire si je préfère être fusillé ou mourir dans une chambre à gaz. Je ne vais pas participer à ça, je veux me battre pour ma vie", clame le prisonnier.
Le détenu s'indigne que les États-Unis soient l'un "des derniers pays industrialisés à appliquer la peine de mort, aux côtés de la Corée du Nord, de la Russie, ou de l’Afrique du Sud". Il a assisté, depuis la télévision de sa cellule, au retour de Donald Trump et à ses appels à rétablir et renforcer la peine de mort. En décembre dernier, le président a par exemple déclaré qu'il ordonnerait au département de la Justice d'assurer l'application de la peine de mort contre "les violeurs, les meurtriers et les monstres" afin de "protéger les Américains".
J'essaye de donner un maximum de sens à ma vie
Keith LaMar, détenu dans le couloir de la mort aux États-Unis
"Pour moi, c’est une tache sur les valeurs proclamées de ce pays – la liberté, la justice, tout ce dont il se targue. Une des contradictions les plus flagrantes entre ce que l’Amérique prétend être et ce qu’elle est vraiment", estime Keith LaMar.
Il a repris ses études, s'est plongé dans le droit, passionné pour le saxophoniste John Coltrane et l'auteur Primo Levi. Le livre Si c'est un homme, un témoignage depuis les camps de concentration sur la déshumanisation et la survie, a marqué le condamné. "Il a réussi à disséquer le système, à mettre de la logique dans quelque chose de totalement illogique et ça, ça m’a servi de guide pour naviguer dans l’inhumanité des hommes."
Il participe également à des concerts à travers le monde, à distance depuis sa prison, avec le jazzman Albert Marques qui se bat pour prouver son innocence. "Je sais que je vais mourir un jour – que ce soit dans mon sommeil ce soir ou à une date future. Nous allons tous mourir. Mais nous ne vivons pas tous. Nous ne saisissons pas tout le temps qu’il nous reste pour faire quelque chose de juste." Keith LaMar doit être exécuté le 13 janvier 2027.
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