: Reportage "C'est très dur de vivre ici" : à Antakya, deux ans après le séisme meurtrier, l'État turc critiqué pour la lenteur de la reconstruction
La ville du sud de la Turquie a été pratiquement détruite lors du séisme dévastateur du 6 février 2023. Deux ans plus tard, de nombreux habitants dénoncent la gestion de la catastrophe par les autorités.
Il y a deux ans, le 6 février 2023, une puissante secousse frappait le sud de la Turquie et la Syrie voisine. Plus de 53 000 personnes sont mortes et un nombre incalculable a disparu. La ville d'Antakya a été quasiment rayée de la carte. Aujourd'hui, en février 2025, les habitants dénoncent la manière dont l'État mène la reconstruction.
Le ciel d'Antakya, l'antique Antioche, est hérissé de grues. Le va-et-vient incessant des camions et des pelleteuses, la poussière omniprésente, la ville n'est toujours qu'un immense chantier. De grandes bannières promettent qu'elle se redresse. TOKI, l'organisme public de construction, est à l'œuvre un peu partout. Mais les immeubles de béton poussent "sans que l'on sache où tout cela va mener", dénonce l'architecte Fuat Büyükasik.
"L'État n'a aucun plan pour ici, il ne sait pas quoi faire ou alors, il a un dessein caché dont il ne nous informe pas. Cela fait deux ans que l'on dit que cette ville a été anéantie, c'était l'occasion de penser sa reconstruction en partant de zéro. Mais ce qu'ils veulent ignorer, c'est que notre ville est pluriculturelle. Ils en ont fait une ville TOKI, c'est ce que nous contestons. Cette ville est tellement riche de diversité, ils en font une ville uniforme qui ressemble à toutes les autres", assure l'architecte.
Une ville sans âme, pour beaucoup, et où la majorité des habitants n'ont pu revenir. Plus de 200 000 personnes vivent encore dans des containers de 21 m2. "C'est très dur de vivre ici, confie Hediye, qui ouvre sa porte. On ne peut même pas accueillir un invité. Pour vivre à deux à la limite, mais pas plus. Vous voyez ici, les toilettes et la salle de bain ? C'est un placard. Des gens ont pu être relogés, mais très peu et c'est très long. On nous dit que ce sera fin 2025, mais je n'y crois pas."
"Ils disent qu'en 2025 tout le monde sera logé mais c'est impossible, on n'y croit pas. Vous voyez bien tout autour."
Hediye, relogée dans un containerà franceinfo
Autour des containers se trouvent des chantiers et la perspective de camper encore de longs mois, avec la boue l'hiver, la touffeur l'été et la fin de toute vie sociale dans des espaces anonymes. Ce sont des conditions inhumaines, dénonce Ali Kanatli, de l'ordre des médecins d'Antakya : "Essayez d'imaginer une famille vivant dans 21 m2. Une famille, c'est minimum quatre personnes, mais ici cela va jusqu'à huit. L'un des problèmes par exemple, c'est le manque d'intimité, les parents ont des relations sexuelles au vu des enfants. Les enfants ont des problèmes scolaires. Et puis il y a la promiscuité avec les personnes âgées, qui habitent là aussi. Tout cela crée des problèmes psychologiques, beaucoup de violences domestiques, et on a une hausse des divorces."
Les Antakyens attendront. Ils ne veulent pas abandonner leur ville, bien qu'ils ignorent quel visage elle aura demain.
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