Ukraine : en fournissant "de véritables outils de combat d'infanterie", la France envoie un "message politico-militaire", estime un spécialiste
Selon Edouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés, les chars envoyés par la France permettent de représenter "assez bien la palette [d'armes] de ce qu'on peut fournir."
En fournissant "de véritables outils de combat d'infanterie" à l'Ukraine, la France envoie un "message politico-militaire", estime Edouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés et philosophie de la guerre à l’Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire, invité jeudi 5 janvier sur franceinfo. Emmanuel Macron a annoncé mercredi à son homologue Volodymyr Zelensky l'envoi de chars de combat légers AMX-10 RC à l'Ukraine.
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franceinfo : Au début de la guerre, la France ne donnait pas le détail de ce qu'elle fournissait à l'Ukraine, pourquoi est-ce qu'elle le dit aujourd'hui ?
Edouard Jolly : L'envoi d'armements ne constitue pas une belligérance. Ici, il y a évidemment un message politico-militaire, c'est-à-dire que même si c'est un engin blindé de reconnaissance, on envoie le message qu'on passe à l'envoi - non plus seulement d'artillerie, d'armes, d'appui, non plus seulement d'armes légères- mais de véritables outils de combat d'infanterie sur le terrain. Avant, on avait des Crotale, donc qui servent à 'faire' du radar, on avait aussi les canons Caesar, ça représente assez bien la palette de ce qu'on peut fournir.
On parle de chars de combat légers, qu'est-ce que ça signifie ?
C'est une appellation un peu optimiste, ce sont plutôt des engins blindés de reconnaissance. On ne peut pas combattre comme avec un char Leclerc, par exemple. Là, ça fait plutôt quinze tonnes, on en a en grand nombre, ça a été produit dans les années 1970, l'Armée de Terre en était dotée à partir des années 1980 et à l'heure actuelle, c'est en phase de remplacement par des Jaguar. Donc en fait, c'est pour cela que c'est plus facile en quelque sorte d'envisager l'envoi de ce type de matériel. Ça correspond à un programme de remplacement planifié sur du très long terme.
A quoi vont servir ces chars ?
C'est plutôt de la ‘reconnaissance musclée’, du débordement, lorsque vous devez aller inspecter le terrain en prévision d'une manœuvre, d'une attaque ou d'une contre-offensive ou d'une autre manœuvre plus lourde. Ça consiste à aller vérifier qu'on peut avancer davantage et en cas de rencontre, de contact avec l'ennemi, ce type d'armement est capable de riposter, c'est sa particularité et c'est ce qui fait qu'on a tendance à l'appeler char. Alors que pour être plus technique, c'est un engin blindé de reconnaissance.
C'est la première fois que des chars occidentaux de fabrication française seront sur place, il va falloir envoyer des munitions, former les militaires aussi ?
Oui, ce matériel, il a des avantages, des qualités. C'est léger, ça permet de faire de la reconnaissance, ça permet de manœuvrer d'une certaine manière, ce qui correspond aux tactiques employées par l'armée ukrainienne. Mais d'un autre côté, comme c'est un matériel assez ancien, ça a besoin de plus de soutien, ça a besoin d'une logistique singulière. C'est comme tout type de matériel, ça s'apprend. Évidemment, ce n'est pas comme une voiture de location qu'on va prêter, c'est toujours plus compliqué. Néanmoins, les Ukrainiens l'ont montré depuis le début du conflit, ils sont capables de grandes ressources. Ce n'est pas ça qui va les effrayer.
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