Mort de Daria Douguina : les médias et responsables russes désignent une coupable ukrainienne
Qui a tué Daria Douguina, la fille de l'intellectuel russe ultranationaliste Alexandre Douguine ? Moscou accuse les services secrets ukrainiens d'avoir commandité cet assassinat et désigne déjà publiquement une coupable : Natalia Volk.
Daria Douguina, 30 ans, a péri samedi 20 août dans l'explosion de sa voiture, dans une localité située à une cinquantaine de kilomètres de Moscou. Cette journaliste éditiorialiste était la fille d'Alexandre Douguine, un idéologue russe ultranationaliste, dont la proximité avec le président russe Vladimir Poutine fait débat. Néanmoins, père et fille ont publiquement soutenu l'annexion de l'Ukraine par la Russie.
La mort de Daria Douguina suscite une grande émotion en Russie : Vladimir Poutine a notamment dénoncé un "crime ignoble, cruel" qui a "mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe". En raison de la guerre en Ukraine, de nombreux responsables issus du milieu ultranationaliste désignent la main de Kiev derrière cet assassinat. Le dirigeant de la "République séparatiste" de Donetsk, Denis Pouchiline, accuse ainsi le président ukrainien Volodymyr Zelensky - qui s'en défend - d'avoir donné son feu vert à l'opération et le qualifie d'"abjecte crapule".
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères parle de "terrorisme d'état" et menace clairement les Ukrainiens de représailles, si leur responsabilité était démontrée. C'est surtout à la télévision russe que le camp nationaliste se déchaîne : "Le pouvoir ukrainien doit être combattu avec les mêmes méthodes brutales que celles utilisées par nos grands pères", affirme ainsi l'animateur du talk show le plus populaire de la télévision publique.
Le FSB accuse une certaine Natalia Vovk
La police et la justice russe sont d'abord restées prudentes, en affirmant simplement que l'explosion avait été causée par un engin explosif. Mais le FSB – le service fédéral de la sécurité russe – est sorti de son silence habituel : il affirme, dans un communiqué relayé par les agences russes, que Daria Douguina a bien été assassinée par les services secrets ukrainiens.
L'organisation a même publié la photo d'une ressortissante ukrainienne : Natalia Vovk, née en 1979 et présentée comme une agent des services secrets ukrainiens. Elle serait entrée en Russie fin juillet avec sa fille née en 2010, et aurait loué un appartement dans le même immeuble que Daria Douguina pour pouvoir la surveiller, selon les services secrets. Le FSB affirme même qu'elle aurait suivi la journaliste à un festival culturel conservateur samedi.
Kremlin-linked media is posting what they say is Natalya Vovk’s ID card, which identifies her as a member of the nationalist Azov regiment.
— max seddon (@maxseddon) August 22, 2022
Not the most obvious thing to take with you when you plot a car bombing in Russia pic.twitter.com/RNlBlGxfv6
D'après certains médias russes qui publient une copie de ses papiers militaires, Natalia Vovk aurait d'ailleurs servi dans le régiment Azov. Ce bataillon issu de l'armée ukrainienne est détesté par le pouvoir russe, qui le désigne comme une unité néonazie. De leur côté, les autorités ukrainiennes se défendent d'être impliquées dans cet assassinat : "L'Ukraine n'a certainement rien à voir avec l'explosion [de samedi], parce que nous ne sommes pas un Etat criminel", a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.
"La Russie ne cite pas l'Estonie par hasard"
Enfin, toujours selon le FSB, Natalia Vovk aurait fui vers l'Estonie avec sa fille, après avoir mis son plan d'assassinat à exécution. Or, "La Russie ne cite pas l'Estonie par hasard", selon Sylvain Kahn, enseignant-chercheur au Centre d’Histoire de Sciences Po, spécialiste des questions européennes lundi 22 août sur franceinfo. Le pays balte frontalier est "en première ligne dans la dénonciation de cette guerre" : "Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, les gouvernements estonien, finlandais et polonais poussent l'Union européenne à avoir la politique la plus ferme possible", rappelle l'universitaire.
"La première ministre estonienne, Kaja Kallas, est montée au créneau de façon très régulière durant tout l'été pour dire, par exemple, qu'il fallait cesser d'accorder des visas de tourisme aux Russes qui souhaitent rentrer pour une durée courte dans l'espace Schengen", explique Sylvain Kahn. Autre motif de tension entre l'Estonie et la Russie : Kaja Kallas demande à ce que certains monuments soviétiques, à la gloire de l'URSS, soient déplacés pour être mis dans des musées et ne plus être au cœur des centres villes d'Estonie. "Il y a très clairement des sujets symboliques et politiques entre ces deux pays", conclut-il.
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