"Un espion dans votre poche" : en Russie, le Kremlin tente d'imposer la messagerie Max après avoir brouillé les applications WhatsApp et Telegram

Le pouvoir russe s'attaque de plus en plus aux réseaux sociaux et aux applications de messagerie, au point que certains opposants politiques parlent de la mise en place d'un "goulag numérique". La nouvelle messagerie Max est développée par un groupe proche du Kremlin.

Article rédigé par franceinfo
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L'application de messagerie russe Max, sur un smartphone, le 6 septembre 2025. (THIERRY THOREL / MAXPPP)
L'application de messagerie russe Max, sur un smartphone, le 6 septembre 2025. (THIERRY THOREL / MAXPPP)

En Russie, les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram ou X sont déjà interdits et bloqués. Les autorités s'attaquent maintenant aux messageries et notamment les deux les plus populaires : WhatsApp et Telegram. Le Kremlin tente d'imposer une nouvelle messagerie russe développée par VK, un groupe dirigé par des proches du pouvoir russe. Petit à petit, Moscou tente de contrôler le secteur, au point que certains opposants commencent à parler de "goulag numérique".

Depuis le 1er septembre, tous les smartphones et tablettes vendus en Russie sont obligatoirement équipés de Max, la messagerie russe, que le Kremlin tente d'imposer en lieu et place de WhatsApp et Telegram, très populaires en Russie.

"Plateformes de diffusion de fausses informations"

Pour forcer les Russes à adopter Max, les appels vocaux sont désormais bloqués sur WhatsApp et Telegram. Et la télévision martèle ce genre de messages : "Telegram et WhatsApp sont devenus des plateformes de diffusion de fausses informations, offrant des ressources aux terroristes et aux extrémistes de tous bords qui appellent à un changement de pouvoir dans notre pays et visent à détruire la Russie."

Max commence petit à petit à être obligatoire dans les administrations, à l'école. Mais beaucoup de Russes renâclent à l'utiliser, et pas seulement parce que la messagerie russe est moins performante que ses concurrentes étrangères. "Max, qui est clairement un espion dans votre poche, n'est certainement pas un service fiable, estime Sarkis Darbinyan, avocat, fondateur de l'ONG de défense des droits des internautes Roskomsvoboda. Il ne dispose d'aucun chiffrement de bout en bout, d'aucune fonction de confidentialité, et tout est connecté au système Sorm, contrôlé par le FSB."

Des opposants tentent de s'adapter

L'offensive du Kremlin pour un Internet russe souverain ne date pas d'hier, mais la guerre en Ukraine et la répression intérieure qui l'accompagne a accéléré le mouvement. La sphère numérique est devenue le dernier refuge des opposants comme Ilya, un jeune militant du parti Initiative civile, qui tente de s'adapter. "L'espace pour la libre expression sur Internet se rétrécit effectivement, mais en même temps, beaucoup de gens en Russie ont une bonne maîtrise du numérique", estime-t-il.

"Dès qu'on a appris que les appels sur WhatsApp et Telegram allaient être bloqués, quelqu'un a trouvé une petite application de messagerie arménienne, et a dit : 'allez, si besoin, on passera par là'."

Ilya, militant du parti Initiative civile

à franceinfo

Chaque jour, de nouveaux sites Internet ou de nouvelles applications sont interdits ou voient leur fonctionnement perturbé en Russie.

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