Reportage Survols de drones en Europe : le "radar de Bretagne" surveille le ciel français d'éventuelles menaces

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
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Des aiguilleurs de l'armée de l'air scrutent une zone de 400 000 km2 "24 heures sur 24, 7 jours sur 7". (PIERRE GUERIN / ARMEE DE L'AIR ET DE L'ESPACE)
Des aiguilleurs de l'armée de l'air scrutent une zone de 400 000 km2 "24 heures sur 24, 7 jours sur 7". (PIERRE GUERIN / ARMEE DE L'AIR ET DE L'ESPACE)

Installé à Loperhet, dans le Finistère, le centre contrôle, depuis désormais soixante ans, une vaste zone ouest de l'Hexagone.

Allemagne, Danemark, Pologne, Roumanie... Dans chacun de ce pays de l'Union Européenne, des drones non identifiés, voire des avions russes comme en Estonie, ont été observés ces dernières semaines, même si la Russie dément formellement. Des intrusions à répétition qui inquiètent les dirigeants européens, à tel point qu'ils envisagent la mise en place d'un mur anti-drone, à l'image de ce qui existe déjà en Ukraine.

En France, depuis 60 ans, l'armée de l'air et de l'espace dispose d'un outil stratégique pour scruter le trafic aérien et veiller sur le ciel du grand ouest. Le "radar de Bretagne", installé à Loperhet, non loin de Brest, dans le Finistère, - devenu officiellement une base aérienne depuis fin septembre 2025 bien qu'il n'y ai pas d'avions ici -, est un puissant outil de détection.

Une surveillance sur toute la façade Atlantique

À l'extérieur, le "radar de Bretagne" ressemble à un petit immeuble blanc, surmonté d'un dôme. À l'intérieur, nous accédons à une vaste salle, où cohabitent aiguilleurs, qui gèrent le contrôle aérien civil, et, de l'autre côté, derrière un mur d'écrans, les aiguilleurs de l'armée de l'air.

Une vue extérieure du "radar de Bretagne", à Loperhet, dans le Finistère. (PIERRE GUERIN / ARMEE DE L'AIR ET DE L'ESPACE)
Une vue extérieure du "radar de Bretagne", à Loperhet, dans le Finistère. (PIERRE GUERIN / ARMEE DE L'AIR ET DE L'ESPACE)

Ces derniers assurent une mission de surveillance, mais également de guidage pour 7 000 à 9 000 aéronefs militaires chaque année. "Il nous est déjà arrivé de contrôler la patrouille de France, par exemple", glisse le capitaine Laurent, chef des opérations.

Actif "24 heures sur 24, 7 jours sur 7", le centre veille sur une grande partie du ciel de France. Sur l'écran devant le chef des opérations, on distingue alors "tous les aéronefs qui évoluent dans notre espace". "Il s'agit d'une partie de la région parisienne, toute la façade Atlantique jusqu'en Espagne. À peu près 400 000 km2", précise le capitaine Laurent.

"Garantir que nous sommes bien souverains à l'intérieur de notre espace aérien national"

Le radar de Bretagne est aussi capable de détecter des drones. "Cette emprise bretonne contribue aux missions en tant qu'outil de combat, c'est-à-dire garantir que nous sommes bien souverains à l'intérieur de notre espace aérien national, décrypte le commandant de la base aérienne, le lieutenant-colonel Thomas Guilbaud. Nos radars sont a priori les premiers qui verraient une menace qui viendrait de l'Ouest. On doit être capable de faire décoller un avion qui serait en mesure d'intercepter l'avion sur lequel on a au minimum des doutes".

Le capitaine Laurent, chef des opérations, devant des écrans du "radar de Bretagne". (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le capitaine Laurent, chef des opérations, devant des écrans du "radar de Bretagne". (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Interrogé sur d'éventuelles identifications d'avions russes ou de drones, le lieutenant-colonel précise : "Il y a régulièrement des avions qui décollent de Russie, qui cherchent à venir nous tester. Notre travail est de les détecter, de les intercepter pour montrer qu'on les a vus".

"En aucun cas sur les centaines de missions qui ont pu avoir lieu dans les soixante dernières années du 'radar de Bretagne', à aucun moment il n'y a eu franchissement du trait, la pénétration de l'espace aérien national avec une intention qui pourrait être malveillante, de la part des Russes".

Lieutenant-colonel Thomas Guilbaud

à franceinfo

La visite s'arrête alors : impossible d'aller dans l'énorme dôme radar. "On ne peut pas y aller pour des raisons de sécurité, il y a grosse énergie électromagnétique potentiellement mortelle", précise Thomas Guilbaud.

Le reportage de Benjamin Illy dans le Finistère

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