Débat: pourquoi Vladimir Poutine n'est pas l’homme de l’année 2015 (2/2)
Si «homme de l’année» est sensé couronner une politique réussie et une diplomatie à suivre, Vladimir Poutine reste loin du compte. Avec une économie russe minée par la chute des prix du pétrole, une situation explosive en Ukraine et la poursuite du conflit syrien dans lequel il s’est embourbé, le président russe est plus dans une tactique de fuite en avant que dans une stratégie mûrement réfléchie
Cavalier seul, chevauchant les crises ouvertes en Ukraine et en Crimée, aux confins de l’Europe et aux limites de l’empire russe qu’il rêve de reconstruire, Vladimir Poutine est revenu laborieusement sur les devants de la scène internationale en jouant son va-tout sur la crise syrienne.
Profitant de la politique déclarée de Barack Obama de retrait des Etats-Unis du champ de bataille moyen-oriental, et prenant au pied de la lettre son classement comme «homme le plus puissant du monde» par le magazine américain Forbes, le président de la Fédération de Russie s’est senti pousser des ailes.
Après avoir bloqué par son veto, durant quatre ans, toutes les tentatives de règlement de la crise syrienne via les Nations Unies, laissant libre-cours à la dévastation du pays et de la population par Bachar Al-Assad, il a fini par intervenir directement dans le conflit.
Poutine cautionne la méthode Assad
Ayant perdu toute crédibilité aux yeux de la majorité des syriens pour avoir cautionné une répression féroce, qui a fait à ce jour quelque 300.000 morts, Poutine n’a plus eu d’autre choix que de défendre militairement un régime qui ne contrôle plus que 14% de son territoire.
Au prétexte de lutter contre l’organisation terroriste de l’Etat islamique, il a renforcé considérablement sa présence militaire à Lattaquié en pays alaouite, dernière base dont la Russie dispose en méditerranée, pour repartir à la conquête de la Syrie perdue.
Il en a profité pour bombarder essentiellement les mouvements armés, laïques ou islamistes, en lutte contre le régime alaouite, prenant soin d’épargner les bases de Daech, déjà sous le feu de la coalition mise sur pied par Washington.
A défaut de venir à bout des djihadistes, qui appellent désormais à des opérations contre son pays, Vladimir Poutine se trouve confronté à une grave crise avec la Turquie, pourtant un partenaire économique régional de premier plan.
Poutine s'accroche à la branche Assad
L’aviation du président Erdogan a en effet abattu un de ses Soukhoï, égaré dans l’espace aérien turc, contraignant le dirigeant russe à de la gesticulation plutôt qu’à une riposte appropriée, dont il n’aurait pas vraiment les moyens.
En s’accrochant à la redoutable mais fragile branche Bachar Al-Assad, qui ne tient que par le soutien de Téhéran et la milice libanaise du Hezbollah, l’homme fort de Russie s’est dangereusement isolé.
Il ne doit son retour dans le concert des nations qu’à son ralliement à une résolution de l’ONU du 18 décembre 2015, adoptée à l’unanimité du Conseil de sécurité, pour mettre fin aux tueries en Syrie.
Des trésors de patience face au maître du Kremlin
Un compromis obtenu grâce aux trésors de patience déployés par Washington, Paris et Berlin face au bouillant maître du Kremlin. Mais qui demande encore à être transformé lors de négociations de paix prévues fin janvier à Genève.
En cas d’échec, Vladimir Poutine mériterait encore moins l’appellation d’«homme de l’année», que Barack Obama son prix Nobel de la paix. Il pourrait même se retrouver face à des difficultés intérieures.
La population russe n’est pas informée de la situation qui prévaut en Syrie, ni des pertes en vies civiles occasionnées par les frappes de son aviation. En revanche, elle a été prévenue par le ministre des finances,Anton Silouanov, que l’année 2016 allait être difficile, pour une économie déjà en récession, en raison du prix du pétrole tombé durablement à 40 dollars le baril.
En attendant, conséquence de l’aventure syrienne, la Place Rouge de Moscou, traditionnel lieu de rassemblement des Russes pour le jour de l’an, est fermée cette année au public, pour la première fois, par crainte d’attentats.
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