"Tout le monde savait, personne n'a rien fait" : le scandale des "grooming gangs" et des réseaux de prostitution de mineures secoue le Royaume-Uni
Londres présente ses excuses et annonce une enquête nationale après la publication lundi d'un rapport accablant sur les "grooming gangs", des réseaux de pédocriminalité ayant exploité plusieurs milliers de jeunes filles au Royaume-Uni depuis les années 1990, dans une certaine impunité. L'affaire, souvent instrumentalisée par l'extrême droite en raison des origines étrangères d'un grand nombre de criminels, a refait surface en ce début d’année.
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Cette affaire criminelle retentissante a été ravivée en janvier 2025 par une série de tweets d'Elon Musk. Le milliardaire américain, engagé dans une campagne politique pro extrême droite en Europe, y accusait le Premier ministre travailliste Keir Starmer, ancien procureur, d'avoir "couvert des viols de masse".
L'expression "grooming gangs" désigne plusieurs réseaux criminels qui ont sévi au Royaume-Uni depuis les années 1990 et pendant des décennies. Le mode opératoire de ces gangs est identique dans de nombreuses affaires : des hommes, souvent d'origine pakistanaise ou asiatique, s'attaquaient à des jeunes filles vulnérables, souvent en rupture familiale, vivant parfois dans des foyers sociaux ou en ayant fugué. Ils les manipulaient alors par des "cadeaux" : de l'alcool, de la drogue ou des trajets gratuits en taxi, parfois en jouant le rôle de petit ami, avant de les agresser sexuellement et de les prostituer, parfois pendant de longues années. Le terme "grooming" désigne un processus de manipulation destiné à faciliter une exploitation sexuelle.
Des réseaux de prostitution visant de très jeunes filles vulnérables
Plusieurs villes ont été concernées, notamment dans le nord et le centre de l'Angleterre. Le cas le plus emblématique est celui de Rotherham, où près de 1 500 mineures âgées parfois de 12 ou 13 ans ont été identifiées comme victimes des grooming gangs entre 1997 et 2013. Pour cette seule affaire, plusieurs dizaines d'hommes ont été condamnés.
Mais d'autres villes, proches de Manchester, ont connu des réseaux similaires. Vendredi 13 juin, sept pédocriminels ont été reconnus coupables des viols de deux jeunes filles de 13 ans qu'ils avaient transformées en esclaves sexuelles à Rochdale. Pendant le procès, le procureur a décrit les sévices subis entre 2001 et 2006. Elles étaient obligées d'avoir des rapports sexuels "avec plusieurs hommes le même jour", "dans des appartements vétustes, sur des matelas moisis" ou encore "dans des voitures, des parkings ou des entrepôts désaffectés".
Des témoignages continuent d'affluer. Certains gangs sévissent toujours selon Becky Riggs, cheffe adjointe de la police nationale en charge de la protection de l'enfance et qui témoigne sur la BBC. Selon la police britannique, environ 800 dossiers criminels distincts de ce type sont aujourd'hui ouverts.
La peur de "paraître raciste"
L'un des aspects les plus choquants de l'affaire est l'inaction des autorités. De nombreux témoignages rapportent que les policiers ou travailleurs sociaux n'ont pas agi, bien que des alertes aient été lancées. Fiona Goddart, victime à 13 ans, témoigne sur France 2 : "Je suis dans une pièce, je me fais violer. Autour de moi, des policiers et des travailleurs sociaux boivent du thé en bavardant. Tout le monde savait, personne n'a rien fait."
Pourquoi cette inaction ? Certains policiers auraient manqué de moyens, les victimes étaient aussi souvent issues de milieu très modeste, avec moins de moyens de défense, mais des polices locales ou des institutions ont également refusé d'intervenir ou ont clos des enquêtes par crainte d'être accusés de racisme, les agresseurs étant majoritairement d'origine étrangère et les victimes, la plupart du temps blanches.
Une inaction des pouvoirs publics qui bouleverse l'opinion publique, confirmée devant le parlement par la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper : des forces de police ont identifié "des preuves évidentes de la surreprésentation de suspects d'origine asiatique et pakistanaise" parmi les pédocriminels, a d'abord indiqué la ministre en se référant au rapport publié vendredi. "Le rapport démontre aussi que ce sujet a été totalement passé sous silence, par crainte de paraître racistes ou de susciter des tensions communautaires", a-t-elle ajouté.
Face à l'ampleur du scandale, le gouvernement a annoncé une réouverture des enquêtes classées, une enquête publique nationale et une série de réformes pour mieux protéger les mineurs contre les crimes sexuels. L'objectif : restaurer la confiance dans les institutions et faire toute la lumière sur ces réseaux.
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