Discours racistes et misogynes, appels à la violence... La police de Londres secouée par une enquête de la BBC en caméra cachée
Après sept mois d'infiltration dans un commissariat, la chaîne publique a diffusé mercredi une série de vidéos dans lesquelles des agents tiennent des propos que le gouvernement britannique a vivement dénoncés. Plusieurs suspensions ont déjà eu lieu.
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"Une balle dans la tête" réclamée pour un détenu. Des migrants qualifiés de "racaille" en fonction de leur nationalité. Dans une enquête diffusée mercredi 1er octobre, la BBC met en lumière des comportements racistes, misogynes et islamophobes de la part de certains agents de la police métropolitaine de Londres. Ces révélations de l'audiovisuel public britannique ont provoqué une vague de suspensions et d'excuses, alors que le Premier ministre britannique, Keir Starmer, appelle à une réponse "forte".
C'est sous couverture que Rory Bibb, journaliste de l'émission phare "Panorama", a infiltré le quartier de détention du commissariat de Charing Cross, dans le centre de Londres, pendant sept mois, jusqu'en janvier dernier. La BBC justifie sa démarche en expliquant que ce commissariat avait déjà été épinglé en 2021 pour des faits de discrimination et de harcèlement, après une enquête accablante de l'Office indépendant pour la conduite de la police (IOPC). Des lanceurs d'alerte ont alerté la chaîne, déclarant que ces comportements étaient toujours monnaie courante malgré les mesures prises à l'époque.
Sorties misogynes, racistes et violentes
Equipé d'une caméra cachée, le journaliste Rory Bibb a filmé ses interactions avec les agents du quartier de détention, un environnement "souvent instable où les agents interviennent auprès de personnes violentes et vulnérables, notamment des jeunes et des personnes souffrant de troubles mentaux", précise la BBC. Ces cellules voient transiter des personnes fraîchement interpellées, en attente d'une décision de détention ou de libération.
Les vidéos de la BBC mettent en lumière des allusions sexuelles répétées, comme lorsqu'un sergent commente la tenue d'une femme interpellée. "J'ai déjà payé pour aller dans des clubs voir des femmes habillées comme elle", lance-t-il, avant d'aller superviser personnellement la fouille de la jeune femme. Dans une autre vidéo, ce même sergent met en doute les accusations de violences conjugales d'une femme enceinte, dont le compagnon, qu'elle accuse également de viol, pourrait être remis en liberté. Face au journaliste infiltré, un autre agent explique qu'il "adore prendre les empreintes de force", en tirant violemment sur les doigts de suspects peu coopératifs pour briser leurs tendons.
Des échanges ont aussi été filmés hors du commissariat. Lors d'une soirée dans un pub, un policier déclare notamment qu'un détenu qui avait dépassé la durée de son visa devrait recevoir "une balle dans la tête" s'il ne quitte pas le Royaume-Uni, avant de qualifier les migrants algériens et somaliens de "racaille".
La police de Londres sanctionne une dizaine d'agents
Mark Rowley, le chef de la police métropolitaine londonienne, a présenté ses excuses mercredi, déplorant le comportement "révoltant, criminel" des agents filmés par la BBC. Neuf policiers et un membre du personnel ont déjà été suspendus, tandis que deux autres se sont vus retirer leur affectation en première ligne, a-t-il annoncé. Les éléments diffusés ont été transmis aux enquêteurs de l'IOPC, a fait savoir sa directrice à la BBC, expliquant les prendre "très au sérieux".
De son côté, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a vivement dénoncé les propos de policiers diffusés lors de cette enquête. "C'est choquant et je me réjouis que le commissaire ait réagi. Sa réponse doit être forte", a déclaré le chef du gouvernement travailliste, jeudi, depuis Copenhague.
Les révélations de la BBC ont provoqué un vif débat au sein de la classe politique du pays. Les élus conservateurs de la ville de Londres ont appelé à une action immédiate contre des agents décrits comme des "brebis galeuses". Mais pour Matt Jukes, commissaire adjoint de la police métropolitaine, les réformes doivent être plus larges. "Si nous avons expulsé 1 500 personnes de [la police] au cours des trois dernières années, il ne s'agit pas quelques brebis galeuses, c'est un défi systémique, un défi structurel, et c'est un défi que nous allons continuer à relever à grande échelle", a-t-il déclaré à la BBC.
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