Cinq questions sur les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran
Après avoir exécuté 47 personnes, dont un imam chiite, l'Arabie saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran. Téhéran l'accuse d'"aggraver les tensions et les affrontements".
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L'escalade entre l'Arabie saoudite et l'Iran franchit une nouvelle étape. Riyad a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran, dimanche 3 janvier. La veille, l'Arabie avait procédé à une vaste série d'exécutions, dont celle du cheikh Nimr Al-Nirm, figure de proue de la contestation chiite dans le pays. Une vague d'indignation s'est propagée dans le monde chiite, principalement en Iran. Francetv info revient sur ce regain de tensions entre les deux pays.
Que s'est-il passé en Arabie saoudite ?
La justice saoudienne a fait exécuter 47 personnes, samedi 2 janvier. En 2015, 153 personnes ont été mises à mort dans ce royaume sunnite ultraconservateur. Parmi les 47 exécutions de samedi figure celle de l'imam chiite Nimr Al-Nimr, considéré par les Saoudiens comme un terroriste, rappelle L'Obs.
Les 46 autres personnes exécutées étaient majoritairement des jihadistes d'Al-Qaïda condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers en 2003 et 2004.
La minorité chiite saoudienne vit dans l'est du royaume, berceau de l'orthodoxie sunnite. Installée dans les régions pétrolifères, elle représente 10 à 15% de la population saoudienne. Les chiites font l'objet de discriminations systématiques, souligne L'Express.
Qui était le cheikh Al-Nimr ?
Nimr Al-Nimr était une figure de la contestation chiite en Arabie saoudite. Agé de 56 ans, le prédicateur saoudien s'était distingué par quelques prêches provocateurs, signale Le Monde. En 2012, Nimr Al-Nimr s'était par exemple réjoui de la mort du prince héritier Nayef.
Selon le quotidien, le cheikh était considéré comme radical par rapport à d'autres leaders chiites. Il avait été arrêté par les autorités saoudiennes en 2012, puis condamné à mort en 2014 pour "sédition, désobéissance au souverain et port d’armes" par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme.
Pourquoi l'avoir exécuté maintenant ?
L'Arabie saoudite a décidé de mettre à exécution la condamnation du cheikh Al-Nimr en ce début d'année pour envoyer un message fort à l'Iran, pays à la majorité chiite, explique Azadeh Kian, professeur de sociologie politique à l'université Paris-VII, au Parisien (article payant).
"L'Arabie saoudite se sent menacée par le retour de l'Iran parmi la communauté internationale. Le rapprochement entre Téhéran et Washington ou la récente invitation de l'Iran à la conférence de Vienne sur la Syrie dérangent les Saoudiens, qui avaient réussi à devenir l'allié privilégié des Américains dans la région", détaille-t-elle.
Pourquoi l'Iran s'offusque-t-il de cette exécution ?
A la suite de cette exécution, des chiites ont manifesté en Irak, au Pakistan, au Liban, mais surtout en Iran. Le chargé d'affaires saoudien à Téhéran a été convoqué au ministère iranien des Affaires étrangères. L'ambassade de l'Arabie saoudite à Téhéran a été incendiée lors d'une manifestation.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hossein Jaber Ansari, accuse, en outre, l'Arabie saoudite d'aggraver "les tensions et les affrontements" dans la région. "L'Arabie saoudite voit non seulement ses intérêts mais aussi son existence dans la poursuite des tensions et des affrontements, et essaie de régler ses problèmes intérieurs en les exportant vers l'extérieur", a-t-il ajouté.
Comment les pays voisins ont-ils réagi à cette montée des tensions ?
Les alliés de l'Arabie Saoudite ont rapidement suivi sa décision. Un jour après la rupture des relations entre le pays et l’Iran, le Soudan a fait de même, ce lundi 4 janvier. "Le gouvernement soudanais annonce la rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec la République islamique d'Iran", a déclaré le ministère des Affaires étrangères soudanais dans un communiqué. Le Ministère qualifie d’”abus flagrant des lois internationales”, les manifestations et l’incendie de l’ambassade saoudienne à Téhéran.
Bahreïn, très proche du régime saoudien, a également coupé tout lien avec l’Iran et a demandé à tous les diplomates iraniens de quitter le pays “sous 48 heures”. Les Emirats arabes unis ont, eux, rappelé leur ambassadeur à Téhéran, Saif Al Zaabi. Le ministère des Affaires étrangères a également “réduit le nombre de diplomates iraniens” aux Emirats.
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