Attentat à Strasbourg : ce que l'on sait de l'arme ancienne utilisée par Cherif Chekatt
L'auteur présumé de l'attentat à Strasbourg est parvenu à se cacher durant un peu plus de 48 heures avant d'être abattu par la police, jeudi. Les forces de l'ordre ont retrouvé sur lui un revolver datant de la fin du XIXe siècle.
"Les enquêteurs ont saisi un revolver ancien chargé de six munitions." Après 48 heures de traque, la police a abattu le tireur du marché de Noël de Strasbourg, Cherif Chekatt. Les policiers ont retrouvé sur lui un revolver datant de la fin du XIXe siècle, un couteau et huit autres munitions de calibre 8 mm. Ce détail a interpellé les enquêteurs dès la première heure, puisque c'est avec cette même arme que Cherif Chekatt a tué quatre personnes et blessé douze autres sur le marché de Noël, mardi 11 décembre. Comment l'assaillant a-t-il pu se procurer une telle arme ? D'où vient-elle ? Eléments de réponse.
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L'arme des soldats français durant la Première Guerre mondiale
Selon Jean-Louis Courtois, expert judiciaire en balistique cité par L'Essor, l'arme utilisée par Cherif Chekatt est un revolver d'ordonnance – un modèle original –, fabriqué en 1892 à 350 000 exemplaires par la Manufacture d'armes de Saint-Etienne (Loire). Ce revolver en acier était l'arme officielle des officiers français pendant la première moitié du XXe siècle, c'était notamment l'arme de dotation réglementaire des soldats pendant la Première Guerre mondiale. "Il y a eu des tas de copies effectuées par la suite, notamment pendant la guerre d'Espagne. Mais les modèles originaux sont produits à Saint-Etienne", précise à franceinfo Philippe Crochard, président de la Fédération française de tir.
Toutefois, "il ne faut pas faire de confusion et penser que puisque l'arme est ancienne, elle n'est pas dangereuse, nuance toutefois Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du Raid sur France inter. La preuve, il a tué des gens avec. (...) L'armement au siècle dernier était fait pour tuer, et ça tuait déjà beaucoup de monde." Au cinéma, c'est ce revolver que porte le colonel Dax, interprété par l'acteur Kirk Douglas, dans Les Sentiers de la gloire (1957), reprend L'Essor.
Un revolver d'une faible puissance de tir
Ce revolver est doté d'une faible puissance de tir et est peu facile à manier. "Je suis très étonné qu'elle ait été utilisée dans cet attentat. C'est une arme à barillet qui ne se recharge pas très vite", explique Philippe Crochard. Entre le moment où la première balle est tirée et la dernière, "il y a au moins 30 secondes". Et pour recharger le revolver, "il faut éjecter les douilles vides, remettre des balles une par une dans le barillet, le refermer et tirer de nouveau... Les gens autour de lui auraient eu le temps de le voir recharger et l'arrêter", suggère-t-il.
"Faire un attentat avec ce genre de matériel est très aberrant ! C'est limite prendre un risque pour soi-même plutôt que pour les autres", ajoute un armurier parisien auprès de franceinfo. "Ces armes ne sont généralement plus en état d'être utilisées, hormis celles qui ont été bien conservées. Et si on met n'importe quoi dedans, ça peut sauter à la figure !", renchérit le président de la Fédération française de tir.
Une arme rare et interdite à la vente libre
Comme toutes les armes de catégorie B, ce revolver 1892 est interdit à la vente libre et nécessite "une autorisation préfectorale et la possession d'une licence de tir", explique un armurier parisien. Son coût est aussi élevé : selon Philippe Crochard, il se vend sur le marché d'occasion des professionnels autour de 1 000 euros. Aujourd'hui, il est même très difficile de se la procurer, même sur le marché des professionnels. "A mon avis, c'est une arme récupérée ou volée, car ça ne court pas les rues", reprend Philippe Crochard. "C'est une arme courante qui a été oubliée et conservée dans certaines familles où on la trouvait dans un tiroir de table de nuit", rajoute un armurier à LCI.
Les munitions sont aussi très difficiles à trouver, et si elles sont d'époque, il y a peu de chance qu'elles puissent encore fonctionner. "Des fabrications sont encore faites une fois par an dans une usine italienne pour les gens qui possèdent des armes de collection, précise Philippe Crochard. Mais comme l'arme, elles sont aussi soumises à autorisation."
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