: Reportage Au Liban, les droits des LGBT+ reculent : "Il n'y a plus rien pour notre communauté ici, c'est très dur"
Les ONG alertent sur le recul des droits pour les personnes LGBT+, qui s'est accru ces dernières années dans un pays jusque là considéré comme plus tolérant que ses voisins. Selon l'une d'elles, 80% des LGBT+ ont perdu leur emplois depuis la crise économique.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2023/08/15/64dbb447b58bb_000-nic6212964.jpg)
Longtemps considéré comme un refuge pour les minorités sexuelles et de genre dans le monde arabe, le Liban subit ces dernières années une répression qui s’est accentuée. Arrestations arbitraires, descentes de police dans les lieux de rencontre, interdiction des événements de la communauté. Encore plus que le reste des Libanais, les queers souffrent de la pauvreté et du chômage en pleine crise économique.
>> "On est des otages dans notre propre maison" : au Liban, la crise économique continue de s'aggraver
Les discriminations envers la communauté LGBT+ libanaise, Jade les subit depuis toujours. Mais avec la crise économique qui frappe son pays depuis 2019, la situation s’est encore dégradée. Cette femme trans a depuis sombré dans la précarité.
"Récemment, j’ai postulé à un boulot dans un restaurant. Lors de l’entretien, le patron m’a dit : 'Je n’embauche pas de pédés'."
Jadeà franceinfo
"Les personnes trans ne trouvent pas de travail en ce moment au Liban, poursuit Jade. Il n’y a plus rien pour notre communauté ici, c’est très dur. Beaucoup d’entre nous n’ont plus de maison et dorment dehors. Certaines sont même obligées de se prostituer pour survivre."
Une cause instrumentalisée
Selon l’ONG libanaise Helem, 80% des LGBT+ ont perdu leur emploi avec l’effondrement du pays. Un taux deux fois supérieur à la moyenne nationale. Et dans ce contexte, les violences aussi explosent. "À partir du moment où je sors de chez moi, je sais que je risque de me faire tabasser, ou tuer, et que personne ne viendra m’aider. Trois travailleuses du sexe trans ont été assassinées le mois dernier. Personne n’en a entendu parler."
Jade accuse la classe politique corrompue d’instrumentaliser la communauté LGBT, pour satisfaire l’électorat conservateur. "Ils disent qu’on est un virus qui ravage le pays et menace les enfants. Pour qu’on ne parle pas de leurs magouilles, ces voleurs détournent systématiquement l’attention en disant que tous les problèmes viennent de la communauté LGBT."
En août, le film Barbie a fait l'objet d'une demande d'interdiction. La raison, selon Mohammad Mourtada, ministre libanais de la Culture : le film qui devait être projeté à partir du 31 août "va à l'encontre des valeurs morales et religieuses au Liban" et fait "la promotion de l'homosexualité et du changement de sexe". Une rhétorique qui intervient alors qu'une campagne anti-LGBT+ s'intensifie dans le pays, menée par le puissant Hezbollah pro-iranien. En juillet, son chef Hassan Nasrallah, avait affirmé que, selon la loi islamique, tout homosexuel "devrait être tué" et appelé à boycotter tous les produits arc-en-ciel.
Les LGBT+, des "illégaux, criminels"
Si le Code pénal libanais ne condamne pas directement l’homosexualité, il criminalise ce qui reste considéré dans les textes comme des "relations contre-nature". Depuis des années, Bertho Makso, directeur de l’association Proud, se bat pour abolir cette loi. "Ce qu’on vit au Liban, c’est ce que les Français ont vécu dans les années 70-80. On est des illégaux, des malades psychiatriques... Donc maintenant notre but, c’est d’être traités non pas en tant que criminels, mais en tant que citoyens, avec dignité et respect. C’est tout."
Neuf députés ont présenté un projet de loi en juillet au Parlement pour décriminaliser l'homosexualité, mais ils ont été la cible d'une campagne de critiques. Et les défenseurs des droits LGBT+ sont bien seuls. Même parmi les personnalités politiques les plus progressistes au Liban, très peu osent s’engager publiquement en faveur de la décriminalisation de l’homosexualité.
À regarder
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter