Liban : en raison de la crise, des soldats obligés de cumuler plusieurs emplois pour boucler les fins de mois
Étouffé par une crise économique sans précédent, le Liban a vu ses institutions s’effondrer. Le Parlement est à l’arrêt, le système judiciaire dysfonctionne. Une autre institution, elle aussi, subit la crise de plein fouet : l’armée.
Dans l'armée libanaise, plus de 70 000 personnes travaillent dans des conditions intenables, pour un salaire dérisoire. Les soldats sont même obligés de travailler dans le civil pour survivre, alors que tout le pays est frappé par une crise économique sans précédent.
À l’abri des regards dans son petit appartement de Beyrouth, Ismail* reconnaît avoir "un peu honte de parler de tout ça. Si on est fonctionnaire ou si on travaille dans l’armée, on ne peut pas parler sans autorisation." Ismail vient de rentrer de la caserne. Dans quelques jours, il touchera sa solde de militaire. Une solde toujours payée en livres libanaises, une monnaie qui depuis 2019 a perdu 98% de sa valeur.
"Avant la crise, nos salaires étaient d’environ 1 000 dollars par mois, mais maintenant ils se sont tellement effondrés qu'ils sont aux alentours de 40 dollars par mois. Ce n’est même pas assez pour payer le transport jusqu’au travail."
"J'ai travaillé comme garde du corps, comme valet de parking, comme électricien et même comme serveur."
Ismailà franceinfo
Ismail n’a pas eu le choix. Comme une majorité de soldats après la crise, il a pris un deuxième puis un troisième travail. Une pratique pourtant totalement illégale dans les rangs de l’armée. "On était coincés, j'avais besoin d'argent et je n'avais pas d'autre choix que d'aller travailler ailleurs. Notre hiérarchie savait qu'on travaillait car on était tous dans la même situation."
Des employeurs peu scrupuleux
Conséquence de cette situation : pour les militaires, les journées s’allongent, et beaucoup d’employeurs libanais profitent de la crise pour réduire les salaires. "Certains terminent l'armée à 15 heures et enchaînent avec leur travail à 16 heures, toute la nuit jusqu'à 4 heures du matin. On ne gagne jamais plus d'un dollar de l'heure. Certains employeurs profitent de la situation aussi, profitent de notre assurance de l'armée, ils ne nous couvrent pas et réduisent nos salaires."
L’institution militaire connaît elle aussi des pénuries, le manque de matériel, ou les coupures d’électricité. Ces dernières années, plusieurs pays comme les États-Unis ou le Qatar ont financé des aides pour soutenir l’armée, primordiale face aux tensions qui traversent le pays et la région. Mais aujourd’hui, l’extrême précarité des soldats menace l’institution. Plusieurs cas de désertions ont déjà été recensés.
* Le prénom a été modifié.
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