Guerre au Proche-Orient : face au risque "réel" de régionalisation du conflit, Catherine Colonna se rend au Liban pour prôner l'apaisement
La ministre des Affaires étrangères aura toutefois des difficultés à trouver des interlocuteurs au pouvoir suffisant pour faire cesser les échanges de tir avec Israël, dans un pays traversé par une crise politique durable.
Une quatrième visite en deux mois. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, commence samedi 16 décembre un nouveau voyage au Proche-Orient, qui doit la conduire au Liban d'abord, puis à Israël et en Cisjordanie demain. Si la cheffe de la diplomatie française s'arrête d'abord au Liban, bien que ce ne soit pas le premier front de la guerre, c’est parce que c'est là que l’embrasement régional pourrait commencer. Voilà pourquoi le nord d’Israël et le sud du Liban sont au cœur des préoccupations diplomatiques. Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah y sont quasi-quotidiens. Plus de 120 morts ont été décomptés autour de cette frontière depuis les massacres du Hamas, dont des civils et des journalistes.
À Beyrouth, Catherine Colonna portera donc le message de la France, martelé depuis le 7 octobre : éviter à tout prix cet embrasement. Le risque demeure "réel", selon un diplomate. Et les responsables israéliens haussent le ton : ils veulent que le Hezbollah se retire loin de leur frontière. Pour le moment, "l’équilibre tient", constate une source diplomatique, ce n’est pas encore la guerre, mais il ne faudrait pas que la situation s’aggrave. Le Liban, économiquement à terre, ne s’en relèverait pas.
Des interlocuteurs politiques libanais aux pouvoirs très limités
Comme lors de sa précédente visite il y a deux mois, la ministre des Affaires étrangères va donc rencontrer les dirigeants libanais pour leur demander de tout faire pour éviter une guerre ouverte avec Israël. Mais en réalité, les responsables politiques avec qui Catherine Colonna va s’entretenir, Premier ministre en tête, n’ont pas le pouvoir de stopper l’escalade. Le Liban n’a pas de président depuis plus d’un an et son gouvernement ne gère que les affaires courantes. L’État libanais en faillite n’a aucune prise sur les attaques du Hezbollah contre Israël, et la milice qui contrôle tout le sud du pays ne prend pas ses ordres de Beyrouth, mais bien de Téhéran.
Dans la population libanaise, la visite de Catherine Colonna n’intéresse pas grand monde non plus. Ici, beaucoup ne considèrent plus la France comme un acteur diplomatique majeur. La défiance des Libanais envers la politique étrangère française est très forte depuis les promesses non tenues d’Emmanuel Macron après l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Depuis le 7 octobre, la plupart accusent Paris de vouloir faire passer les intérêts d’Israël avant ceux du Liban.
Ajouter à la pression diplomatique sur Israël
Après Beyrouth, l'avion de la ministre atterrira à Tel-Aviv dimanche, où elle délivrera le même message : pas d’escalade. Mais cette visite en Israël concernera directement la guerre à Gaza et la question palestinienne. La France observe en effet une inflexion de la position américaine, puisque Washington demande désormais clairement à Israël de protéger les civils et de cibler ses opérations contre le Hamas. Catherine Colonna devrait ainsi ajouter sa voix à la pression diplomatique du moment pour que l’armée israélienne réduise sa campagne de bombardements, dans l’espoir d’une nouvelle trêve qui permettrait que l’aide humanitaire parvienne de nouveau à Gaza dans les meilleures conditions.
Paris compte encore trois ressortissants disparus, trois hommes qui seraient parmi les otages dans l’enclave. L’autre priorité de la France est d’obtenir leur libération. Catherine Colonna vient aussi apporter une fois de plus le soutien de la France aux victimes israéliennes. La ministre des Affaires étrangères doit rendre visite aux victimes de violences sexuelles commises par le Hamas.
Dernière étape du voyage, la ministre française se rendra en Cisjordanie, pour discuter avec les dirigeants palestiniens de l’avenir de l’Autorité palestinienne. Comment revitaliser cette instance corrompue et affaiblie ? Cette visite sera aussi l’occasion de hausser le ton contre la violence de certains colons. Après les Etats-Unis, la France et l’Europe envisagent des sanctions.
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