Accord Israël-Hamas : Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la Paix, témoigne de la liesse à Tel Aviv et Gaza

La première phase du plan de cessez-le-feu annoncée dans la nuit de mercredi à jeudi par Donald Trump prévoit un arrêt des hostilités à Gaza et la libération des otages israéliens encore détenus dans l'enclave palestinienne par le Hamas.

Article rédigé par franceinfo
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Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la paix, ancien collaborateur d'Itzhak Rabin, le 9 novembre 2023 à Paris. (LUDOVIC MARIN / POOL)
Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la paix, ancien collaborateur d'Itzhak Rabin, le 9 novembre 2023 à Paris. (LUDOVIC MARIN / POOL)

"J’ai vu les liesses de joie à Tel Aviv, j'ai vu les liesses de joie à Gaza, c'est un grand réconfort", se réjouit jeudi 9 octobre sur France Inter Ofer Bronchtein, militant pacifiste franco-israélien, président et cofondateur du Forum international pour la Paix, après l'annonce par Donald Trump cette nuit d'un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza.

Ofer Bronchtein se dit "très soulagé". "Ce que les deux populations ont souffert est absolument abominable", rappelle-t-il. Mais il confie avoir été "vraiment impressionné par la mobilisation depuis deux ans" en Israël. "Tous les jours des dizaines de milliers d’Israéliens faisaient pression sur le gouvernement pour qu'il arrive à un accord avec le Hamas. Ils sont soulagés aujourd'hui et j'ai vu des liesses de joie aussi à Gaza", où les habitants "subissent encore une catastrophe humanitaire", décrit-il.

Une partie de l’opinion publique israélienne qui vote à l'extrême droite ne veut pas de cet accord, estimant qu'il va permettre de libérer des terroristes palestiniens. "Ils ont la mémoire courte, rétorque Ofer Bronchtein, dans les accords d'Oslo qu'Yitzhak Rabbin a signé avec Yasser Arafat en 1993, il y avait la libération d'énormément de prisonniers palestiniens. Très peu d'entre eux sont revenus sur la voie du terrorisme".

Un accord poussé par la communauté internationale

Le président du Forum international pour la Paix estime par ailleurs que "la paix, la réconciliation, se fait entre ennemis". Si des terroristes palestiniens sont libérés, "les forces de renseignements israéliens auront un œil sur eux" et le Hamas va être contraint de "laisser tomber les armes", avance-t-il. Ce cessez-le-feu lui paraît solide : "Je crois que la communauté internationale est déterminée, pense-t-il. Le président américain a mis tout son pouvoir et toute son influence pour que ça marche. Il a été inspiré par la France, la dynamique de la reconnaissance de la Palestine avec 14 autres pays".

Selon Ofer Bronchtein, Donald Trump s'est senti isolé au Conseil de sécurité permanent de l'ONU, "puisque de deux pays qui reconnaissaient la Palestine, ils sont devenus quatre. Au G7, il n’y en avait aucun, puis trois et bientôt cinq. Et puis il a eu une conversation avec le président Macron à New York et avec les leaders des pays arabes". Le militant pour la paix rappelle que 80 % des Israéliens "voulaient que la guerre s’arrête et voulaient libérer les otages. Il a vu les Israéliens se mobiliser".

Quel avenir pour le Hamas ?

Le Hamas va se désarmer car "ils n'ont pas le choix. Ce qui est spéculé dans le plan est très clair : on va avoir une force internationale, qui va comprendre des pays arabes comme le Maroc, les Emirats, l’Egypte, la Jordanie, pour stabiliser la situation au niveau sécuritaire, décrit Ofer Bronchtein. S’ils ne désarment pas, les Israéliens ne vont pas quitter la bande de Gaza. Donc ce sont les Palestiniens qui vont payer encore une fois le prix d’un non-respect d’accord".

Il pense qu'il est "clair aujourd’hui, même pour les ‘amis du Hamas’, comme la Turquie, le Qatar ou l’Algérie, que le Hamas est fini. En tant que force terroriste, il est mort". Si le Hamas veut se convertir en "une force politique qui reconnaît les accords civils, qui veut aller de l’avant pour le bien-être de son peuple, peut-être. Mais comme organisation, le Hamas est foutu", conclut-il.

Gaza, un territoire "invivable"

De son côté, le président de Médecins du monde, Jean-François Corty, estime que "c'est un espoir, non pas d'une paix [...] mais que tous les massacres cessent et que des vies soient sauvées". Jeudi 9 octobre sur franceinfo, il a expliqué qu'il restait selon lui "beaucoup de zones d'ombre" dans cet accord, "notamment sur l'autodétermination palestinienne ou sur la colonisation en Cisjordanie". Il espère néanmoins que cette première étape permettra de faire cesser "le calvaire des otages et de leurs familles" et "que la dynamique de génocide dans Gaza va cesser aussi".

L'accord inclut aussi l'entrée de l'aide humanitaire dans l'enclave, alors que les besoins sont colossaux, rappelle le président de Médecins du monde, qui parle d'un "territoire qui est invivable", avec "l'entièreté des infrastructures essentielles [qui] ont été détruites, les terres à cultiver détruites et le système de santé à plat". "Il y a un manque de tout", alerte Jean-François Corty, avec "40 % des femmes enceintes qui sont malnutries" et près de 20 000 blessés qui doivent être sortis de Gaza pour être soignés, selon lui. 

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