Au moins 25 personnes ont été tuées lundi à Deraa (sud), selon un militant syrien des droits de l'homme
Les troupes syriennes, qui sont massivement intervenues lundi matin dans plusieurs villes de Syrie, pilonnaient intensément la Deraa où elles ont reçu le soutien de blindés.C'est à Daraa qu'est né le mouvement de contestation à la mi-mars. L'ONU s'apprêtait rendre public mardi un projet de condamnation de cette répression.
Les troupes syriennes, qui sont massivement intervenues lundi matin dans plusieurs villes de Syrie, pilonnaient intensément la Deraa où elles ont reçu le soutien de blindés.
C'est à Daraa qu'est né le mouvement de contestation à la mi-mars. L'ONU s'apprêtait rendre public mardi un projet de condamnation de cette répression.
La répression, qui aurait fait 390 morts depuis la mi-mars, dont 160 depuis la levée de l'Etat d'urgence, semble s'intensifier depuis trois jours.
La frontière entre la Syrie et la Jordanie a été fermée lundi. Une fermeture qui "coïncide avec ce qui apparaît comme une vaste opération de sécurité en cours actuellement", a commenté un responsable jordanien.
La situation à Deraa
La contestation contre le régime est née à Deraa où des dizaines de Syriens ont été tués lors de la violente répression par les services de sécurité qui a suivi les premières manifestations.
"Les hommes des services de sécurité sont entrés par centaines dans la ville" lundi, a déclaré un activiste cité par l'AFP. Ils étaient apparemment accompagnés de blindés.
"Ils ont tiré. Des témoins m'ont dit qu'il y avait pour l'instant cinq morts et que des maisons avaient été transformées en hôpitaux", a rapporté un habitant cité par Reuters. Chiffre confirmé par un autre témoin rapporté par l'AFP: "Nous les avons vus de nos propres yeux. Ils se trouvaient dans une voiture qui a été criblée de tirs", a indiqué ce témoin. "Les minarets des mosquées lancent des appels au secours. Les forces de sécurité sont entrés dans les maisons. Il y a un couvre-feu et ils tirent sur ceux qui sortent de chez eux. Ils ont même tiré sur les réservoirs d'eau sur les toits pour priver les gens d'eau", a-t-il ajouté.
"Les gens se mettent à l'abri dans les maisons. Je peux voir deux corps près de la mosquée. Personne ne peut sortir pour les récupérer", a dit l'habitant cité par Reuters. Il a ajouté que des hommes des forces gouvernementales embusqués dans des bâtiments publics tiraient sur les habitations.
"Des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville", a précisé l'activiste. "Les hommes tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent", a-t-il raconté. "L'électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles", a-t-il encore dit.
Selon Mohsen, un habitant cité par la chaîne Al Djazira, des chars disposés aux principales entrées de la ville ont pilonné certains objectifs. "Les gens ne peuvent pas se déplacer dans les rues à cause des pilonnages", a-t-il dit.
Des milliers d'habitants de la province de Deraa avaient enterré dimanche plusieurs victimes de la répression, après la prière. Une manifestation a suivi sans que les forces de sécurité n'interviennent, a indiqué un militant.
Les manifestants brandissaient des drapeaux syriens et des pancartes appelant "à la suppression de l'article 8 de la Constitution" sur la suprématie du parti unique Baas, a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
La majorité des commerces étaient fermés en signe de deuil.
La répression s'intensifie
Ces derniers jours, les services de sécurité sont intervenues dans plusieurs villes, arrêtant des adversaires du régime, ont indiqué des témoins et l'opposition. Dimanche, selon des militants des droits de l'homme, une dizaine de personnes ont été arrêtées notamment à Damas, Homs (centre), Deraa (sud), Lattaquié, Hasaka (nord-est), Deir es Zor (est) et Alep (nord).
Au moins 13 civils ont été tués par balles dimanche à Djabla, ville côtière de l'ouest de la Syrie, selon une ONG. Auparavant, une manifestation avait eu lieu dans le vieux quartier sunnite de la ville, rapporte l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.
Selon des organisations de défense des droits de l'homme, les forces de sécurité ont tué plus de 350 civils depuis le 15 mars, début de la contestation sans précédent contre le régime. Un tiers d'entre eux auraient été tués depuis vendredi. On compterait également des dizaines de disparus. 221 personnes ont disparu en Syrie depuis vendredi matin, selon un groupe syrien appelé INSAN et basé à Séville (Espagne).
La majorité des journalistes de la presse internationale ont été expulsés, rendant impossible toute vérification des informations sur le terrain. Des vidéos, publiées sur internet par des opposants, montrent des militaires tirant à balles réelles sur des manifestants désarmés.
Le régime, malgré ses annonces de réformes telles que l'abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception, persiste à réprimer les manifestations, selon les opposants et les ONG internationales.
102 intellectuels et journalistes ont condamné, dans un communiqué, "la pression des autorités syriennes" et ont appelé les journalistes travaillant dans les médias officiels à démissionner. Un geste inédit qui traduit une indignation croissante face à l'intensification de la répression, constatent les observateurs.
Dans un geste inédit, deux députés de Deraa et le mufti de la ville, plus haute autorité religieuse à Deraa, avaient démissionné samedi pour protester contre la répression.
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