"Ce qu'il se passe est complètement inacceptable" : une infirmière humanitaire raconte le quotidien "inimaginable" dans la bande de Gaza

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Temps de lecture : 2min - vidéo : 3min
Article rédigé par France 2 - A. Miguet, C. Theophilos, M. Benoliel, H. Nalbandian, F. Abu Khousa, A. Aboukhousa, O. Gharbia. Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

France Télévisions vous propose de plonger dans le quotidien de Jack Latour, infirmière humanitaire à Gaza, au chevet des blessés qui défilent sans discontinuer dans son centre. Une situation qu'elle dénonce.

Une infirmière en première ligne. Jack Latour, une Québécoise de 35 ans, a choisi d'exercer dans un hôpital d'urgence à Gaza, géré par Médecins sans frontières. "On choisit en tant qu'humanitaires de travailler dans ces lieux-là. Et pourtant, ce qu'il se passe à Gaza est inacceptable, c'est inimaginable", explique-t-elle, déplorant les morts quotidiennes "devenues normales". "On ne comptabilise presque plus ces chiffres-là", dit-elle. 

Jack Latour s'occupe aussi bien d'enfants souffrant de malnutrition que de victimes de bombardements blessées. Sa clinique est l'une des plus proches des centres de distribution de nourriture mis en place le mois dernier par Israël et les Américains. Tous les jours, Jack Latour et ses collègues reçoivent des blessés. "Je risque ma vie pour nourrir mes enfants. A quoi bon vivre si ce n'est pas pour ses enfants ?", interroge Ahmad Alfaqawi. "Quand ton fils pleure et crie en réclamant à manger, ça déchire le cœur."

"Une distribution d'aide qui tire sur les locaux"

Cette situation humanitaire à Gaza est dénoncée par plus de 200 ONG. Pour Jack Latour, elle est intolérable : "L'association que l'on fait en ce moment entre des distributions d'aide et des blessés par balles, c'est une association qui ne devrait jamais avoir lieu, ce lien-là ne devrait pas exister", déplore l'infirmière. La soignante dit gérer au quotidien "les conséquences d'une distribution d'aide qui tire sur les locaux, qui (...) vont seulement chercher leur nourriture".

La jeune femme a connu Haïti et le Tchad, mais cette mission est pour elle la plus difficile, même si elle garde toujours le sourire. "Une chose que je dois gérer tous les jours, c'est dire 'non'. 'Non, je n'ai pas de médicaments', 'non, je n'ai pas de lait pour ton enfant', 'non, je n'ai pas d'argent'… Devoir dire 'non', en tant qu'infirmière, en tant qu'humanitaire, quand tu sais qu'on pourrait faire plus, c'est complètement inacceptable." Depuis le début de la guerre, selon l'ONU, plus de 1 000 travailleurs humanitaires sont morts à Gaza. 

Retrouvez l’intégralité du reportage dans la vidéo ci-dessus

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