Reconnaissance d'un Etat palestinien : Israël affirme que la France "alimente le feu antisémite", l'Elysée dénonce une accusation "abjecte"

La lettre adressée par Benyamin Nétanyahou à Emmanuel Macron "ne restera pas sans réponse", a ajouté la présidence française mardi soir, affirmant que "la République protège et protègera toujours ses compatriotes de confession juive".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron à la Maison Blanche, à Washington, le 18 août 2025. (YVES HERMAN / AFP)
Emmanuel Macron à la Maison Blanche, à Washington, le 18 août 2025. (YVES HERMAN / AFP)

L'Elysée répond fermement à Benyamin Nétanyahou. La présidence française a dénoncé, mardi 19 août, l'accusation du Premier ministre israélien, qui a affirmé un peu plus tôt dans la journée que la volonté d'Emmanuel Macron de reconnaître l'Etat palestinien nourrissait la montée de l'antisémitisme en France. Une déclaration qualifiée d'"erronée" et "abjecte" par l'Elysée. Cette accusation d'Israël "ne demeurera pas sans réponse", peut-on également lire dans le communiqué publié mardi soir, qui réaffirme que "la République protège et protègera toujours ses compatriotes de confession juive. La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations."

"Votre appel à un Etat palestinien alimente le feu antisémite", a écrit Benyamin Nétanyahou dans un courrier officiel adressé au chef de l'Etat, rendu public mardi. "Cela récompense la terreur du Hamas, renforce le refus du Hamas de libérer les otages, encourage ceux qui menacent les Juifs français et favorise la haine des Juifs qui rôde désormais dans vos rues", affirme le chef du gouvernement israélien, alors que le président de la République a déclaré fin juillet qu'il reconnaîtrait officiellement l'Etat de Palestine en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies.

Israël demande d'agir avant la nouvelle année juive

Dans sa lettre, Benyamin Nétanyahou réclame à Emmanuel Macron d'agir avant le 23 septembre. "Je vous appelle à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté, et à le faire avant une date claire : la nouvelle année juive, le 23 septembre 2025", poursuit ce courrier daté de dimanche et transmis mardi à l'AFP.

"Je suis préoccupé par la montée alarmante de l'antisémitisme en France et par le manque d'actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l'antisémitisme a ravagé les villes françaises. (...) Depuis vos déclarations publiques attaquant Israël et signalant la reconnaissance d'un Etat palestinien, il a augmenté", écrit encore Benyamin Nétanyahou, qui mène depuis près de deux ans une guerre à Gaza. Il évoque "une campagne d'intimidation, de vandalisme et de violence contre les Juifs à travers l'Europe", jugeant qu'elle s'est "intensifiée" sous le mandat d'Emmanuel Macron.

Le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne "considère cette attaque comme injustifiée et hostile à la paix et au consensus international sur le principe d'une solution à deux Etats", a-t-il réagi dans un communiqué. "Le vieux disque qui entretient la confusion entre la critique de l'occupation israélienne et ses crimes, ou le soutien aux droits du peuple palestinien à la paix et l'indépendance, avec l'antisémitisme ou la haine contre les Juifs s'est rayé (...), personne n'est dupe", a-t-il ajouté.

Avant la réponse de l'Elysée, le ministre chargé de l'Europe avait déjà réagi aux accusations de Benyamin Nétanyahou. La France n'a "pas de leçons à recevoir dans la lutte contre l'antisémitisme", a rétorqué Benjamin Haddad sur BFMTV. "Je voudrais dire de façon très claire et très ferme que ce sujet de l'antisémitisme qui empoisonne nos sociétés européennes – et on a vu une accélération des actes antisémites violents depuis les attaques du Hamas du 7-Octobre –, on ne peut pas l'instrumentaliser", a déclaré le ministre, qui a assuré que les autorités françaises ont "toujours été extrêmement mobilisées" contre ce fléau.

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