Dans un 100 m2 ou à la rue : retour sur une nuit de réveillons dans un Paris sous couvre-feu
Jeudi soir, le couvre-feu a perturbé les tentatives de fêtes des uns et des autres pour le Nouvel An. Retour sur une soirée particulière, dans le quartier des Champs-Elysées, à Paris.
Il est vingt-heures sur les Champs-Élysées, ce soir de 31 décembre, et le couvre-feu commence avec les premiers contrôles d'automobilistes par la police. Et les questions d'usage : "Vous avez des attestations pour ce soir ? Vous êtes au courant qu'il y a un couvre-feu ? Ah, vous n'avez rien du tout ?" À cette heure de la soirée, qui débute à peine, les agents sont tolérants : "Ce soir, explique le policier, je ne vais pas vous verbaliser..." Le brigadier Saint-Blancat fera preuve de la même tolérance avec cet autre conducteur, qui a commencé la soirée tout seul, en fumant du cannabis dans sa voiture. "Monsieur, je le sens, pleine truffe ! Ça sent le cannabis à fond !"
"On fait preuve de discernement. Pour l'instant, on n'est qu'aux alentours de 20 heures, mais après, on fera de la répression..."
Brigadier Saint-Blancatà franceinfo
À quelques mètres de là, un groupe d'hommes marche sur le trottoir. Ce sont des réfugiés afghans. "C'est le Nouvel An, indique l'un d'eux, et je pensais qu'il y allait avoir des fêtes. L'année dernière, j'étais venu à ici, il y avait beaucoup de monde et je m'étais amusé. Mais cette année, il n'y a personne..." Déçu, Abdulrahman rentre donc dans son foyer d'hébergement.
D'autres continuent de déambuler à la recherche d'un semblant de convivialité, comme cette dame, Amel, sans domicile fixe. "D'habitude, il y a de l'ambiance dans les rues, partout à Paris... mais cette année, 2021, c'est un peu spécial", note-t-elle. Amel tient par la main, la petite fille d'une amie, Nasrine, 6 ans. Il est 22 heures, les rues sont vides, le froid est vif. Mais Nasrine sourit. Elle raconte qu'elle a mangé des spaghettis et se réjouit des "associations qui donnent à manger". Elle et sa maman dormiront ce soir dans un petit hôtel pour la nuit.
"J'allais juste rejoindre ma copine !"
Tout Paris est là : une petite fille sans rien, et à quelques rues de là, les rires et la joie d'un groupe d'amis. La moitié d'entre eux a fait le voyage depuis Aix-en-Provence pour faire la fête à Paris. "On a une coloc de cinq, là-haut, explique cette jeune femme, en montrant son appartement. Du coup, on a invité quelques potes. On est une douzaine.'' "Cela fait depuis mars qu'on ne fait plus grand-chose, glisse un des colocataires. C'est peut-être égoïste mais on est vraiment entre nous". "Et puis on ne va pas voir notre famille pendant un moment, après, renchérit la jeune femme. On se dit que ça ne craint pas grand-chose puisqu'on reste chez nous..." "Donc, c'est égoïste, mais on est les seules victimes, en soi..." conclut son ami.
Un peu plus loin, rue de Palestro, l'ambiance est festive, à 22h30. Elle le sera un peu moins dans quelques heures. Sur les Champs-Élysées, le brigadier Saint-Blancat avait prévenu. ''Vous n'étiez pas au courant qu'il y avait une attestation à remplir pour un couvre-feu ? lui demande-t-il. Au final, regardez, vous avez 135 euros d'amende... Vous n'avez pas le bon comportement... Vous saviez qu'il y a un couvre-feu et une épidémie, vous ne respectez pas." "J'allais juste rejoindre ma copine et fêter le Nouvel An avec elle", se défend, penaud, son interlocuteur.
"Non mais quelle honte !"
23h30, retour rue de Palestro. Quatre ou cinq fourgons de police sont stationnés devant un immeuble. Entourées de policiers, quelque 70 personnes sortent une à une d'un appartement de 100m2. C'est Alexandre, le président du conseil syndical, qui a prévenu la police. ''Regardez, peste-t-il, ça n'arrête pas de défiler. Regardez ça ! Non mais quelle honte.'' Dehors, les fêtards sont en colère. Les policiers leur ont dressé une contravention de 135 euros. ''Ils sont rentrés de partout, tempête une jeune femme. Ils poussent les gens, et on ne comprend pas vraiment pourquoi... C'est vrai qu'on était nombreux, je vous l'accorde. Mais il n'y a pas à rentrer de cette façon chez les gens. On était en train de commettre un crime ? Ou on faisait une petite fête ?''
Quant aux jeunes aixois, leur appartement est mitoyen de celui où s'est déroulé la grosse fête. Autant dire que le décompte du jour de l'An s'est fait discrètement, sans musique.
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