Zone protégée en Afghanistan : "Les jours à venir vont être déterminants pour la diplomatie internationale", analyse un spécialiste
Selon le général Jérôme Pellistrandi, les déclarations d'un porte-parole des talibans à franceinfo, disant qu'une zone de sécurité à Kaboul pour poursuivre les évacuations n'est pas nécessaire, pourraient être contredites par des chefs talibans. Le régime est prêt à des concessions pour "obtenir une forme de reconnaissance".
"Les jours à venir vont être déterminants pour la diplomatie internationale et pour le sort des Afghans qui souhaitent quitter le pays", analyse le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, dimanche 29 août sur franceinfo, alors que la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne vont plaider lundi à l'ONU pour une zone protégée à Kaboul, afin de continuer les opérations humanitaires, et alors qu'un porte-parole des talibans a déjà affirmé à franceinfo que la création d'une telle zone n'était pas "nécessaire".
franceinfo : Une zone protégée, comme le souhaite la France, peut-elle être créée à Kaboul ?
Jérôme Pellistrandi : Il faut bien savoir que les talibans, au plus haut niveau de leur organisation, ne sont pas tous d'accord. Il y a différentes tendances. Il y a les dirigeants talibans qui sont à Kaboul, mais il y a aussi ceux qui sont restés à Doha, au Qatar. On voit bien qu'il y a de nombreux canaux de discussion avec des interférences. Les déclarations faites contre cette zone de sécurité par un porte-parole pourraient être contredites dans quelques temps par d'autres dirigeants talibans, qui connaissent véritablement les enjeux des jours à venir. Il leur est indispensable d'obtenir une forme de reconnaissance par la communauté internationale, même si le président Emmanuel Macron et d'autres dirigeants occidentaux n'ont pas parlé de reconnaissance pour l'instant.
"Il faudra que les talibans fassent preuve de pragmatisme, et qu'ils donnent des gestes concrets pour pouvoir bénéficier au moins d'une écoute par la communauté internationale."
Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationaleà franceinfo
Ce qu'ils souhaitent, c'est le départ des Occidentaux dans la forme militaire, et en particulier le départ des Américains le 31 août, mais il y a aussi un besoin, pour les talibans, de s'insérer dans le dispositif international. Et pour cela, il faut qu'ils donnent des gages, des preuves concrètes de leur bonne volonté. Même si, effectivement, il faut souligner que les fondamentaux du régime talibans demeurent.
Pourquoi la France ne s'allie-t-elle pas aussi aux États-Unis pour faire cette proposition ?
La France a quitté militairement l'Afghanistan en 2014, donc Paris considère qu'il peut servir d'intermédiaire ou de relais. La position de la France est une position raisonnable. Et puis, en passant par le Conseil de sécurité de l'ONU, c'est bien pour démontrer que la communauté internationale reste vigilante. Au sein du Conseil de sécurité, il y a la Russie et la Chine, qui sont des acteurs essentiels, et qui vont devoir se prononcer également sur cette zone de sécurité.
La Russie et la Chine peuvent-elles mettre un véto à cette zone de sécurité ?
Cela pourrait effectivement être le cas, mais il n'est pas dit qu'aux yeux de l'opinion publique internationale ce serait une bonne chose. En revanche, il est clair que les diplomates à New York, au siège de l'ONU, vont beaucoup discuter et il est de l'intérêt, tant de la Russie que de la Chine, de trouver quelque chose d'accommodant. Bien entendu, il s'agit aussi d'imposer une sorte de rapport de force aux talibans.
"Ce n'est pas un blanc-seing qui doit être donné aux talibans. C'est dire qu'on veut bien les aider en quelques sortes mais il y a des conditions."
Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationaleà franceinfo
Les jours à venir vont être déterminants pour la diplomatie internationale et pour le sort des Afghans qui souhaitent quitter le pays.
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