Une surtaxe américaine sur les pâtes italiennes fait bouillir Rome

Début septembre, le département américain du Commerce a annoncé qu'il prévoyait d'imposer à partir de janvier 2026 des droits antidumping provisoires de plus de 91 % sur les pâtes, en plus des 15% actuellement appliqués.

Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des pâtes crues installées en présentation sur une terrasse d'un restaurant à Rome, en Italie. (VINCENZO PINTO / AFP)
Des pâtes crues installées en présentation sur une terrasse d'un restaurant à Rome, en Italie. (VINCENZO PINTO / AFP)

Pas touche aux pâtes. L'Italie a annoncé travailler avec Washington et la Commission européenne pour tenter d'empêcher les Etats-Unis d'instaurer une surtaxe antidumping sur les importations de pâtes, une mesure qui inquiète les producteurs de la péninsule. L'administration américaine menace en effet d’imposer à partir de l'an prochain des droits de douane de plus de 100% pour les pâtes "made in Italy". Treize marques, dont la célèbre Barilla sont visées.

À l'origine de l'affaire, une enquête du département américain du commerce qui accuse de dumping les treize marques en question, qui exporteraient leur production vers le pays de l'Oncle Sam à des prix inférieurs à ceux du marché ("dumping"). Pour compenser ces prix anormalement bas, Washington menace donc d'imposer à partir de janvier 2026 des droits antidumping provisoires de plus de 91 % sur les pâtes, en plus des 15% actuellement appliqués. Et pour cause : les Etats-Unis sont le deuxième pays d'exportation de la "pasta", après l'Allemagne, pour un marché de près de 700 millions d'euros en 2024.

La crainte d'un "excès d'offre" et d'"une baisse des prix" pour tout le secteur

L'annonce de cette surtaxe a provoqué de vives critiques dans la péninsule : le ministre de l'Agriculture Francesco Lollobrigida a dénoncé "un mécanisme hyperprotectionniste contre nos producteurs de pâtes", tandis que la plus grande association agricole italienne, Coldiretti, a appelé à éviter un "coup fatal".

Ces mesures "inacceptables et abusives" sont "liées au projet de (Donald) Trump de délocaliser la production aux États-Unis", a dénoncé l'association dans un communiqué samedi 4 octobre, appelant l'UE et le gouvernement à "protéger un véritable symbole du régime méditerranéen". Selon Ettore Prandini, patron du premier syndicat agricole, "Le risque est de perdre le marché américain pour la vraie pâte italienne en faveur de marques qui se réclament de l'Italie, mais sont produites aux USA".

Pour la Coldiretti, c'est bien toute une filière, première productrice de pâte au monde, plus de 20 000 employés, qui risque de souffrir : le blé dur, ingrédient de base, a déjà été récolté. "Les pâtes déjà produites seraient écoulées sur le marché européen, entraînant un excès d'offre et une baisse des prix", poursuit Ettore Prandini.

Bruxelles et le gouvernement à Rome, défenseurs farouches du "Made in Italy", promettent de réagir. On verra si cette fois-ci, Giorgia Meloni a de l'influence sur Donald Trump.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.