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Les Iraniens n’iront pas à La Mecque accomplir leur pèlerinage

Les autorités iraniennes accusent l’Arabie Saoudite de les avoir acculées à prendre une décision radicale : annuler le grand pèlerinage de La Mecque. 60.000 Iraniens sont privés du Hajj (obligation religieuse en Islam). Les relations entre les deux pays sont exécrables.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Pèlerinage à la Mecque, la ville natale du prophète Mohammed, en Arabie Saoudite. (Reuters / Muhammad Hamed)
Pèlerinage à la Mecque, la ville natale du prophète Mohammed, en Arabie Saoudite. (Reuters / Muhammad Hamed)

«Les conditions ne sont pas réunies et il est désormais trop tard. Le sabotage vient des Saoudiens. Les responsables saoudiens disent que nos pèlerins doivent aller dans un autre pays pour faire la demande de visa», ne décolère pas le ministre iranien de la Culture, Ali Janati. Les Iraniens sont privés du Hajj (grand pèlerinage) de La Mecque à la fin de l’été. En 2015, une bousculade tragique, survenue au premier jour du rituel de lapidation à Mina, avait provoqué la mort de 2.500 personnes, dont 450 Iraniens. «Le gouvernement d'Arabie Saoudite doit accepter l'énorme responsabilité de cette catastrophe», avait alors tranché l'ayatollah Ali Khamenei, en décrétant trois jours de deuil. Depuis, les relations entre les deux capitales n’ont cessé de se dégrader.

Au moins 2.236 étrangers sont morts dans la bousculade au pèlerinage de La Mecque, le 24 septembre 2015, ce qui en fait la  catastrophe la plus meurtrière de l'histoire moderne du hajj, selon des chiffres officiels donnés par 35 pays.  (STR / AFP)
Au moins 2.236 étrangers sont morts dans la bousculade au pèlerinage de La Mecque, le 24 septembre 2015, ce qui en fait la  catastrophe la plus meurtrière de l'histoire moderne du hajj, selon des chiffres officiels donnés par 35 pays.  (STR / AFP)
 
Ryad avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran, le 3 janvier 2016, après une attaque contre son ambassade d'Iraniens protestant contre l'exécution d'un opposant chiite saoudien. Les pourparlers entamés en avril à Ryad entre Saoudiens et Iraniens pour fixer les conditions de l'organisation de ce pèlerinage ont abouti à une impasse. «Les responsables saoudiens disent que nos pèlerins doivent aller dans un autre pays pour faire la demande de visa», affirme Ali Janati. L’Arabie Saoudite aurait aussi refusé d’accorder aux compagnies aériennes iraniennes l’autorisation de se rendre dans le pays.


Les deux pays avaient déjà rompu leurs relations de 1987 à 1991, en raison de sanglants affrontements entre pèlerins iraniens et forces saoudiennes lors du pèlerinage de La Mecque en 1987, qui avaient fait plus de 400 morts, dont une majorité d'Iraniens. Téhéran et Ryad veulent s’imposer toutes les deux comme puissances régionales. L'Arabie Saoudite sunnite et l'Iran chiite s’opposent en Irak, Syrie, Yémen, Liban et Bahrein.
 
Environ 500.000 pèlerins iraniens faisaient chaque année en Arabie Saoudite le petit pèlerinage. En 2015, quelque 60.000 Iraniens s'étaient rendus à la Mecque pour le grand pèlerinage. 

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