Iran: les salaires des hauts dirigeants font scandale
Le bilan des réformateurs au pouvoir en Iran est très contrasté. L’économie patine, et les conservateurs tirent à boulets rouges sur le gouvernement. Dernier scandale, le salaire des hauts dirigeants des entreprises et des administrations, parfois jusqu’à cent fois supérieurs au salaire de base.
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Un an après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, et la levée d’une partie des sanctions internationales, les Iraniens s’impatientent, et attendent le redémarrage de l’économie. Le chômage est toujours élevé, à 11%, et la croissance patine avec un petit 1%.
Les milieux conservateurs en profitent pour dénoncer, une fois de plus, la politique du président Rohani. Ils condamnent un renoncement politique, à cause de la signature de l'accord sur le nucléaire sans véritable contreparties, et l’échec économique. Le gouvernement est bien obligé de reconnaitre que la reprise tarde. «Nous espérons une croissance de 5% cette année», a lancé Ali Tayebnia, le ministre de l’Economie.
Mais dans le même temps, le porte-parole du gouvernement reconnaissait l’existence de 7500 sites de production à l’arrêt. L'Iran se plaint que les grandes banques internationales, en particulier européennes, rechignent à faire des affaires avec lui par peur de mesures punitives américaines. Selon le président Rohani, l’Iran a besoin de 30 à 50 milliards de dollars (28 à 45 milliards d’euros) d’investissements ou de capitaux étrangers pour parvenir à atteindre à terme une croissance de 8%.
Corruption et prébendes
Dans ce contexte difficile, l’affaire des salaires mirobolants de certains hauts responsables fait scandale. Au sein du ministère de la Santé, certains revenus atteignent 51.000 euros par mois, alors que le salaire de base de la fonction publique tourne autour de 350 euros. Même scandale au sein du système d'assurances d'Etat, où les salaires des responsables s’envolent.
Dans l’administration et les sociétés d’Etat, les dirigeants peuvent fixer eux-mêmes leurs salaires. Visiblement, certains ont profité de leur passage aux affaires pour s'enrichir.
Le porte-parole du gouvernement, Mohamad Bagher Nobakht, a annoncé une reprise en main. «Les responsables qui ont reçu de tels salaires seront certainement démis de leur fonction» a-t-il déclaré. Le système va également être réformé. Les salaires seront fixés par le pouvoir central.
La lutte contre la corruption a, quant à elle, bénéficié d’une publicité hors norme avec la condamnation à mort, en mars 2016, du milliardaire Babak Zanjani, accusé d’avoir détourné 2,5 milliards d’euros du ministère du Pétrole. Les faits remontent à l’ère Ahmadinejad (2005-2013) durant les années de sanctions internationales. Zanjani a joué les intermédiaires sur le marché mondial, engrangeant les commissions sur des transactions avec Singapour, la Malaisie ou l’Inde, en tout près de 16 milliards d’euros de ventes. L’homme d’affaires reconnaît en 2013 une fortune de 12 milliards d’euros.
L’homme est aujourd’hui condamné à mort, tout comme deux de ses associés. Cette sévérité est aussi très politique et à l’usage du peuple. La lutte contre la corruption est une priorité.
Signes de reprise ?
Le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, vient d’apporter un sérieux soutien au gouvernement réformateur de Téhéran. Dans le sillage de la levée des sanctions liée à l'accord sur le nucléaire iranien, les échanges commerciaux entre l'Union européenne et l'Iran ont bondi. « Sur les quatre premiers mois de l'année, le commerce entre l'Iran et l'Union européenne a augmenté de 22 % » s’est-t-elle félicitée lors d’une visite en Norvège le 15 juin 2016.
Patience donc, ce pourrait être le message adressé par la diplomate européenne. Autre raison d’être patient, la production d'hydrocarbures est à la hausse. Selon le ministre iranien du Pétrole, la production a atteint les 3,8 millions de barils en 2015, soit un million de plus qu’en 2013. Les exportations de brut ont également doublé pour atteindre les deux millions de barils.
A un an de l'élection présidentielle, Hassan Rohani a besoin de résultats probants pour bloquer les critiques des conservateurs. Il en a également besoin pour conserver le soutien du peuple qui lui avait largement fait confiance il y a trois ans. En négociant sur le nucléaire, Rohani a fait le pari de la reprise économique par l'investissement étranger. Mais il est encore bien timide, et sans surprise, la croissance est à la peine.
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