Grèce : l'ancien ministre Yanis Varoufakis dévoile les secrets des négociations
Une semaine après son départ du gouvernement, l'ex-ministre des Finances charge l'Allemagne, salue la France et règle ses comptes avec les créanciers.
Il est parti, mais il est toujours là. Une semaine après avoir annoncé sa démission du gouvernement d'Alexis Tsipras, l'ancien ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, lève le voile sur les derniers mois de négociations européennes, dans un article publié, lundi 13 juillet, par le magazine britannique New Statesman (en anglais). Selon ses propos enregistrés jeudi 9 juillet, l'Eurogroupe est "complètement" contrôlé par l'Allemagne.
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"Nous avons été piégés"
Selon Yanis Varoufakis, un accord portant sur "trois ou quatre réformes" aurait pu être conclu avec les créanciers dès l'arrivée de Syriza au pouvoir, en janvier. Mais les créanciers "voulaient parler de tout", c'est-à-dire "de rien". L'ancien ministre estime que les créanciers ont fait miroiter un compromis à la Grèce, en retardant l'échéance. "Ils rejetaient nos propositions, mais ne proposaient rien de leur côté", affirme-t-il.
En fin de compte, les créanciers ont émis des propositions "intenables, totalement non-viables et toxiques", "le genre de propositions que vous faites à l'autre camp lorsque vous ne voulez pas d'un accord". La conclusion de l'économiste est lapidaire : "Nous avons été piégés."
"Un refus clair d'engager des discussions économiques"
Yanis Varoufakis ne se remet pas du manque d'ouverture de ses homologues de l'Eurogroupe. "Il y avait un refus clair d'engager des discussions économiques, dénonce-t-il. Vous mettez en avant un argument sur lequel vous avez vraiment travaillé, qui est cohérent, et vous avez juste droit à des regards vides. C'est comme si vous n'aviez rien dit. Vous auriez chanté l'hymne national suédois, vous auriez eu la même réponse."
L'Allemagne à la baguette, la France seule résistante
Lors des réunions des ministres des Finances de la zone euro, un homme "contrôle complètement" les débats, selon Yanis Varoufakis : "le ministre des Finances de l'Allemagne", Wolfgang Schäuble. "C'est comme un orchestre très bien huilé dont il serait le chef."
L'ancien ministre grec indique qu'un seul pupitre sonne faux : celui de Michel Sapin. "Seul le ministre français émettait des sons qui étaient différents de la ligne allemande, et ces sons étaient très subtils, se souvient-il. On sentait qu'il devait utiliser un vocabulaire très judicieux pour ne pas avoir l'air de s'opposer." Et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagnait, forcément ? Oui, "le ministre français cédait toujours".
Des "ennemis" inattendus
Dans le huis clos des sessions de l'Eurogroupe, la Grèce n'a pas reçu le soutien de gouvernements de pays comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie ou l'Irlande, pourtant eux aussi très endettés. Bien au contraire, ils étaient "ses ennemis les plus énergiques", assure Yanis Varoufakis. "Si nous avions réussi à négocier un meilleur accord, cela les aurait anéantis politiquement : ils auraient eu à expliquer à leurs citoyens pourquoi ils n'avaient pas négocié comme nous."
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