François Ponchelet raconte la chute de Saïgon
Le 30 avril 1975, la chute de Saïgon met fin à la guerre du Vietnam. Le correspondant de guerre d'Europe 1, François Ponchelet, était sur place. Il raconte ce scoop, l’un des moments les plus forts de sa carrière de journaliste.
Grand reporter à Europe 1, puis rédacteur en chef à France 2, François Ponchelet se trouvait à Saïgon, capitale du sud-Vietnam, lors de l’arrivée des forces Viêt-Cong et nord-vietnamiennes à la fin avril 1975. «J’avais loué un taxi pour la journée, raconte-t-il. On s’est baladé partout.» Devant le palais présidentiel, cœur du pouvoir sud-vietnamien en perdition, les gardes étaient partis. «L’un d’eux, sentant la fin, a laissé tomber ses vêtements militaires et est parti en caleçon», se souvient l'ancien correspondant de guerre.
«J'avais quand même la trouille»
Dans cette atmosphère de fin de règne, François Ponchelet entre dans le palais présidentiel et va interviewer le président encore en exercice, le général Minh. « Une fois l’interview réalisée, je ressors avec mon Nagra (le magnétophone professionnel dont était à l’époque équipé tous les reporters de radio) quand les chars du GRP (gouvernement révolutionnaire provisoire) sont arrivés.»
«Le premier char a enfoncé la grille, puis j’ai assisté à la reddition du gros Minh (surnom de ce général à l’époque). J’avais quand même la trouille, je ne savais pas comment ça allait se terminer, mais en fait cela s’est bien passé », rigole-t-il aujourd'hui.
Comme souvent, la mémoire s’attache à des détails. «Je revois ce char qui rentre et qui laboure avec ses chenilles les magnifiques pelouses du Palais présidentiel. Un peu plus tard, entre les traces de chenilles, il y avait une photographe, tranquillement installée en train de photographier.»
Pendant toute la scène, le grand reporter laisse tourner son Nagra, enregistre les sons et ses commentaires.
Restait à envoyer ce reportage exclusif à Paris...
«Je suis allé à la Radio nationale pour diffuser. Mais les petits hommes verts (surnom des bodoi, soldats du Viêt-Cong, les forces communistes) étaient déjà là et ils m’ont interdit d’entrer».
Impossibilité de diffuser, impossibilité de partir, François Ponchelet conserve ses enregistrements dans son Nagra de 12 kilos qu’il promène pendant plusieurs jours dans la ville libérée, enrichissant son reportage. «Je suis resté comme un con avec mes interviews dans la boîte.»
Dans ses souvenirs, François Ponchelet pense être resté au moins une semaine à Saïgon, bloqué par le nouveau régime.
«Maintenant un journaliste part avec des moyens satellites portatifs et il peut diffuser de n’importe où. Le matériel est beaucoup plus léger, permet d’aller plus vite. Rien à voir avec ce que j’avais à Saïgon», regrette-t-il.
François Ponchelet raconte la chute de Saïgon
Vidéo réalisée par Gilles Croquet. Crédit photo Borris Gallasch
«Les autorités contrôlaient mieux»
Il lui a fallu plus d’une semaine pour ramener son reportage à Paris. Mais à l’époque, le temps n’avait sans doute pas la même valeur : «Quand je suis rentré à Paris, on a fait une journée complête sur le Vietnam à Europe 1 avec les documents que j’avais.»
Les nouvelles autorités au pouvoir avaient laissé les journalistes occidentaux travailler, mais avaient empêché pendant un moment leur départ. En revanche, elles avaient fait partir les journalistes d’Europe de l’Est (à l’époque communiste) en premier, pour s’assurer une couverture plus «amicale» des événements de Saïgon. A l'époque, en l'absence de possibilités de directs facile, «les autorités contrôlaient mieux les sorties des papiers qu'aujourd'hui», note l'ancien grand reporter.
Pendant le voyage de retour, François Ponchelet saute d’un avion à l’autre. «A Bangkok, les autres journalistes se sont posés. Moi, j’ai pu attraper le premier vol Air France pour Paris et ai eu 24 heures d’avance.» Le sens du scoop, toujours.
Bande annonce Mystères d'archives INA sur la chute de Saïgon
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