Faim dans le monde: Trois questions à Bruno Parmentier
Bruno Parmentier est un chercheur et consultant français, ancien directeur de l'Ecole Supérieure d'Agriculture d'Angers. Spécialiste de la faim dans le monde, il a publié plusieurs ouvrages. Son dernier « Faim Zéro » est paru cette année aux éditions La Découverte. A l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation, il nous parle du combat contre la faim dans le monde.
Bruno Parmentier : La FAO, l'agence de l'ONU qui s'occupe de la faim dans le monde, évalue chaque année les personnes qui souffrent de la faim. Elle vient tout juste de sortir ses derniers chiffres, soit 805 millions de personnes en situation de faim. L'agence s'est réjouie d'une baisse de 30 millions par rapport aux chiffres de 2012. C'est là une pensée de court-termisme absolu! Ce chiffre autour de 800 millions est stable depuis plus de 120 ans, c'est le même qu'en l'an 2000 et le même qu'en l'an 1900!
En réalité, avant l'an 2000, cette absence de baisse faisait tâche, et la réduction de la faim dans le monde faisait partie des «objectifs du millénaire» de l'ONU. L'objectif était de descendre à 400 millions de personnes souffrant de la faim. Il est évident qu'il s'agit d'un échec complet.
C'est d'autant plus grave que, contrairement à ce que laissent croire la Une des journaux, la guerre dans le monde recule. Au XXe siècle, vous aviez 5% de chances de mourir dans un conflit armé. Aujourd'hui ce chiffre est descendu à 1%. Dans cette situation d'un monde plus sûr, il est encore plus intolérable que le problème de la faim n'aie pas été diminué d'autant.
G: Comment expliquer alors cette situation?
B.P: Une chose est sûre: La faim n'est pas une fatalité. Auparavant, dès qu'il y avait un problème, une inondation, un tremblement de terre, une catastrophe, on avait faim. Aujourd'hui ce n'est plus une situation irréparable. Aujourd'hui, la faim est le produit de l'incurie ou de la cupidité de l'homme.
Un exemple flagrant vient des pays miniers africains, riches en ressources naturelles. Eux qui devraient être les plus riches du continent souffrent aujourd'hui tous de la faim. Les mines attirent les convoitises, puis les accaparements, les coups d'états... Avec beaucoup de cynisme, on devrait dire: Vivement que les ressources minières soient épuisées que l'on ai plus faim!
Bien sûr, il y a aussi au coeur du problème la faillite de l'agriculture. Aujourd'hui, très peu de pays sont «bons» en agriculture, on ne les trouve qu'en Europe ou en Amérique du Nord. D'ailleurs, il ne faut jamais oublier qu'aujourd'hui, sur les 800 millions de personnes qui ont faim, 600 millions sont des agriculteurs dont le métier est de faire pousser leur nourriture.
Cela laisse bien sûr un espoir: au niveau mondial, la plupart des agriculteurs n'emploient pas les bonnes techniques et leur production peut donc encore beaucoup augmenter.
G: Quelles solutions proposez-vous?
B.P: La solution au problème de la faim a deux aspects, la production et l'accessibilité. Nous devons trouver les moyens d'augmenter la production mondiale de 70% d'ici à 2050. Mais nous ne pouvons pas utiliser les mêmes recettes qu'au XXe siècle. La logique de l'agriculture du siècle dernier était «produire plus avec plus».
Il faudra désormais «produire plus avec moins». Les pays occidentaux devront maintenir leur production sans chimie et les pays en développement les augmenter grâce à de nouvelles techniques.
Heureusement, après un siècle de recherches centrées sur la chimie, nous avons beaucoup plus à découvrir dans le domaine de l'agronomie écologique et des OGM que ce que nous savons déjà.
Mais une fois cette production atteinte, encore faut-il que les gens y aient accès. Le modèle dans ce domaine a été le président Lula au Brésil. En arrivant, il a constaté un paradoxe simple: alors que son pays exportait un grand nombre de denrées alimentaires, 80 millions d'habitants avaient faim. Pour résoudre ce problème, le brésil a créé un système d'aides sociales ciblées (sur les femmes, les écoles) sur l'achat de nourriture en quantité suffisante.
Aujourd'hui, le pays est beaucoup mieux nourri. Lula a prouvé que l'on pouvait atteindre la «Faim Zéro»
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