Hongrie : "Contesté", Viktor Orban va utiliser la visite d'Emmanuel Macron "à des fins très personnelles", selon un spécialiste
Immigration, commerce... "Dans les faits, il y a des convergences", souligne Paul Gradvohl.
Emmanuel Macron est en visite lundi 13 décembre à Budapest, la première d’un chef d’État français depuis 2007 en Hongrie. Le président de la République doit rencontrer le controversé chef du gouvernement Viktor Orban, qu’il décrit comme un "adversaire politique", mais un "partenaire européen". "Les points d'accord potentiels sont beaucoup plus importants que ce que l'on pourrait penser", a estimé l’historien spécialiste de l’Europe centrale et professeur à la Sorbonne Paul Gradvohl, sur franceinfo.
franceinfo : On sait les divergences entre Emmanuel Macron et Viktor Orban. Quels sont les accords potentiels?
Paul Gradvohl : Les points d'accord potentiels sont beaucoup plus importants que ce que l'on pourrait penser puisque la posture de chacun requiert de se présenter comme très éloigné de l'autre. Mais en pratique, tout le discours de Viktor Orban de lutte contre l'immigration n'est absolument pas opposé à la pratique française dont tout le monde sait que ce n'est pas l'accueil par dizaines de milliers de demandeurs d'asile. Dans les faits, il y a des convergences. Et puis, il y a des intérêts économiques français. La diplomatie française est très largement consacrée à défendre des grands contrats, notamment nucléaires, mais pas seulement. Donc, Viktor Orban, comme il l'a fait très bien avec les Allemands, avec les Russes, avec les Chinois, sait pertinemment qu'en discutant avec un chef d'État, il peut laisser miroiter des espoirs économiques, que ce soit en termes de commerce, d'achats, de ventes ou en termes d'investissement. Il y a des points possibles d'entente qui sont assez importants.
Quel intérêt a Viktor Orban à organiser cette rencontre avec Emmanuel Macron? Que veut-il démontrer?
Viktor Orban essaye de faire croire au peuple hongrois qu'il est le centre de la vie européenne. [Cette visite] le conforte dans son discours qui ne correspond à aucune réalité, mais pour sa campagne de relations publiques avant les élections législatives qui vont se dérouler au printemps prochain. Il est clair que monsieur Orban va utiliser cette rencontre à des fins très personnelles. Ce sont des élections très importantes en Hongrie car Viktor Orban a pour la première fois face à lui quelqu'un qui réussit à mobiliser, y compris des anciens électeurs de la Fidesz, [son parti].
"Pour la première fois depuis 2010, il est vraiment en position d'être contesté."
Paul Gradvohl, l’historien spécialiste de l’Europe centrale et professeur à la Sorbonneà franceinfo
Ça le rend bien sûr très, très nerveux. Si vous allez sur les pages de communication de M. Orban, il vient d'annoncer en moins d'un mois un certain nombre d'augmentations de salaire, catégorie par catégorie, des infirmières aux instituteurs, aux responsables de crèches. La dernière grande annonce, c'est le treizième mois de retraite qui sera accordé juste avant les élections. C'est dire s'il y a un peu le feu au lac.
Quelle attitude adopte la Hongrie face à l'Union européenne ? Parce qu'on l'a vue adopter plusieurs lois contestées à Bruxelles. Elles contestent aussi la suprématie du droit européen sur le droit national.
Le gouvernement hongrois a pris des positions qui étaient identiques au gouvernement polonais et à la Cour constitutionnelle polonaise, qui contestait la primauté du droit européen. Or, les juristes du Conseil constitutionnel hongrois, qui sont tous des hommes d'Orban aujourdhui, n'ont pas voulu suivre pleinement le gouvernement sur cette route. Il y a quelques jours, ils ont annoncé que finalement, on ne pouvait pas ouvertement dire que la primauté du droit européen n'existait pas selon les normes constitutionnelles hongroises. Donc, là, nous sommes dans une situation totalement inédite depuis quelques jours et la question est : Est-ce que le président Macron va pouvoir jouer de cette ouverture ?
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