"Paris se moque de nous" : à Mayotte, la population attend d'Emmanuel Macron des gestes forts sur l'immigration
Dans le cadre de son déplacement en outre-mer, Emmanuel Macron se rend à Mayotte pour vanter l'opération "Shikandra", lancée pour mieux lutter contre l'immigration clandestine. Une opération qui ne soulève pas l'enthousiasme de la population.
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L’opération a été baptisée "Shikandra", du nom d’un poisson qui mord quand on s’approche de lui. "Shikandra" à Mayotte, ce sont désormais neuf bateaux intercepteurs contre quatre avant, davantage de surveillance aérienne, des forces mises en commun, police de l’air et des frontières, de la gendarmerie, et de la légion étrangère. En déplacement quatre jours outre-mer, Emmanuel Macron vient vanter, mardi 22 octobre, ce dispositif pour mieux lutter contre l'immigration illégale dans le département.
22 000 reconduites depuis le début de l'année
"Shikandra", c'est aussi un chiffre : 22 000 reconduites à la frontière depuis le début de l’année à Mayotte, soit plus de la moitié de l’ensemble des expulsions du territoire français. Un record qui a une double explication pour le commandant de la gendarmerie de Mayotte. "Le nombre des interpellations et surtout des reconduites à la frontière qui ont été réalisées ont augmenté de manière considérable depuis le mois d’août, explique général Philippe Leclerc. Les moyens nouveaux, autant en termes de matériels que d’effectifs dont nous sommes désormais pourvus, y contribuent forcément."
Nous avons gagné en efficacité dans cette action.
Général Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotteà franceinfo
Le général Leclercq estime que "la situation sociale du département étant apaisée" à l'heure actuelle, "nous pouvons consacrer quotidiennement la capacité de nos unités de gendarmerie mobile" dans la lutte contre l'immigration. Une situation sociale apaisée mais les raisons de la colère sont encore là, six mois après le mouvement qui a paralysé l’île, une mobilisation à l’appel du Collectif des citoyens de Mayotte. "Paris se moque de nous en faisant de la com’ et va faire les gros bras pour faire de la reconduite, s'emporte la présidente du collectif, Estelle Youssouffa. La reconduite à la frontière ça veut dire que les personnes sont entrées."
Estelle Youssouffa pointe l'insécurité à laquelle sont confrontés les habitants, notamment près des établissements scolaires. "Nos écoles sont des lieux dangereux pour nos enfants, explique-t-elle, parce qu’il y a toujours l’insécurité et qu’il n’y a aucune structure pour accueillir les mineurs délinquants à Mayotte."
On ne peut pas continuer à voir notre hôpital transformé en plus grande maternité d’Europe.
Estelle Youssouffa, présidente du collectif des citoyens de Mayotteà franceinfo
Une immigration clandestine qui évolue
Les Kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune en provenance des Comores, font toujours partie du quotidien. Pour Estelle Youssouffa,"quand le chef de l’Etat faisait ses bonnes blagues sur la pêche des Kwassa, ça ne nous fait pas rire à Mayotte parce qu’on continue à avoir les Kwassa qui arrivent tous les jours que Dieu fait et qui déversent la détresse comorienne, la misère qui fait que notre île est en train de faire naufrage", déplore-t-elle. Selon l'Insee, 48% des 256 000 habitants de Mayotte sont des étrangers, dont 95% sont Comoriens.
Mais l’immigration évolue en parallèle avec des migrants venus par exemple du Rwanda, du Burundi, du Sri Lanka ou même de Syrie. "Les portes de la Méditerranée se referment, explique Romain Reille, directeur général de l’association Solidarité Mayotte. C’est de plus en plus délicat pour les réseaux de s’implanter et de mettre en avant ces départs de Libye, d’Algérie, du Maroc ou de Turquie. Il y a des réseaux qui sont très bien organisés et qui renvoient ce public vers le territoire de Mayotte, qui est relativement proche des côtes africaines de l’Afrique de l’Est."
Par conséquent, en plus de l’immigration historique des Comores, les demandes d’asile explosent. Leur nombre a au moins doublé cette année.
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