: Témoignages Guerre en Ukraine : "C'était une dénonciation de la part d'une enseignante", confie la mère d'une collégienne malmenée par les autorités russes
Avec le durcissement de la loi en Russie, les condamnations sont de plus en plus courantes pour avoir manifesté son opposition au pouvoir, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine.
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C'est une tendance claire, on dénonce de plus en plus en Russie : son collègue de travail, son voisin de table de restaurant ou même ses élèves, comme dans le cas d'Elena. Sa fille, en classe de 6e, avait pris la défense des Ukrainiens sur la messagerie interne des élèves. Cette mère de famille de la banlieue de Moscou s'est retrouvée convoquée au commissariat, puis perquisitionnée et enfin traduite devant la commission de protection de l'enfance, menacée de perdre ses droits parentaux.
"C'était une dénonciation de la part d'une enseignante et elle était témoin au tribunal, se souvient Elena. J'ai pensé que lorsqu'elle se rendrait compte que devant la cour, il y avait une fille de dix ans, elle réfléchirait. Mais non. Au tribunal, elle a confirmé que l'enfant était répugnante et que la mère était mauvaise." Elena s'en est sortie avec un simple avertissement. Mais d'autres prennent de lourdes amendes.
"Discréditation des forces armées russes"
Avec le durcissement de la loi, notamment celle qui interdit la "discréditation des forces armées russes", il est devenu possible de condamner à peu près n'importe qui pour peu qu'il ait tenu un propos plus ou moins anti-guerre ou manifesté d'une façon ou d'une autre son opposition au pouvoir. D'après les statistiques disponibles, les dénonciations restent souvent lettre morte. Mais elles sont clairement encouragées, explique Alexandra Baeva, juriste pour OVD info, une ONG de défense des droits de l'Homme.
"L'idée qu'il y a des traîtres, qu'il faut les rechercher, qu'il faut les punir est de plus en plus diffusée par les autorités russes. Et c'est un discours qui est très actif depuis le début de la guerre. Il existait déjà avant, mais avec le début de la guerre, il est devenu très clair", indique-t-elle.
"Les autorités suppliaient littéralement les gens de signaler quelque chose, surtout au début de la guerre."
Alexandra Baeva, juriste pour une ONG de défense des droits de l'Hommeà franceinfo
"Elle pense que si la Russie perd, elle devra payer des réparations à l'Ukraine"
Les délateurs peuvent poursuivre leurs cibles jusqu'à l'étranger. C'est ce qui est arrivé à l'anthropologue Alexandra Akhripova, installée à Paris. Elle avait répondu à une interview de la télévision indépendante en exil Dojd et a été dénoncée par une femme avec qui elle a pu entrer en contact, et qui lui a expliqué pourquoi elle faisait cela.
"Elle pense que si la Russie perd, elle devra payer des réparations à l'Ukraine et ces réparations frapperont durement les gens ordinaires. Elle doit donc lutter de toutes ses forces contre la défaite et pour empêcher la Russie de perdre, elle doit réduire le nombre de leaders d'opinion qui s'opposent à la guerre d'une façon ou d'une autre."
Les dénonciations aux autorités ne sont pas toujours suivies d'effet, mais elles contribuent à entretenir le climat de peur dans le pays. Les raisons de la délation sont aussi nombreuses qu'il y a de délateurs. Le phénomène, d'après les spécialistes, n'est pas spécifiquement russe. Il s'observe un peu partout dans les périodes de grande crise.
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