Sanctions contre la Russie : "peut-être qu'un embargo vaut le coup" même s'il pourrait faire perdre "un point de PIB" à la France, estime un économiste
Selon Eric Heyer, économiste à l'OFCE, la guerre en Ukraine va provoquer une crise économique, mais sur des ordres de grandeur "à peu près quatre fois en deçà de ce qu'on a pu voir avec le Covid-19".
Eric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l'OFCE, estime lundi 14 mars sur franceinfo qu'un embargo sur les hydrocarbures russes pourrait engendrer "un point de PIB en moins" en France. Un effort qui pourrait, selon lui, "valoir le coup" pour "sortir de la dépendance".
franceinfo : Le choc de la guerre en Ukraine sera-t-il moins fort sur notre économie que le choc de la crise sanitaire ?
Eric Heyer : À court terme, c'est évident. La première année de Covid, ça a fait moins 8% d'activité. C'était assez gigantesque, avec un pic sur un mois qui avait été quasiment de moins 30%. On ne va pas être sur ces ordres de grandeur, c'est évident. Là, ce n'est pas non plus une guerre mondiale. C'est une guerre qui va provoquer une crise économique, mais on est effectivement sur des ordres de grandeur à peu près quatre fois en deçà de ce qu'on a pu voir avec le Covid-19.
L'inflation pourrait atteindre près de 4,5% dans le pire scénario : quelles sont les solutions face à cela ?
Il n'y a pas de récession car on était dans une phase de rattrapage de la crise Covid et on attendait 4% de croissance. Si on avait été dans un scénario normal de croissance économique à 1,2% ou 1,3%, on aurait connu une récession. Puisque c'est un effet inflationniste lié notamment à la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentaire, on sait que cela est extrêmement inégalitaire : les plus fragiles, les plus modestes vont être durablement et plus fortement impactés. On aimerait avoir, et on va voir si le gouvernement s'y attelle, des aides très ciblées. Le 'quoi qu'il en coûte' c'était très général, pour tout le monde.
Là, il va falloir des mesures très ciblées sur des ménages modestes, et certains secteurs d'activité qui vont être le plus touchés par ces hausses des prix de l'énergie et de l'alimentaire. Le premier point doit être vraiment de soutenir le pouvoir d'achat des ménages fragiles et des secteurs qui sont directement liés à ce conflit. Le deuxième point serait aussi de commencer à anticiper la sortie de la dépendance du pétrole gaz russe. Le troisième, c'est retrouver un peu de souveraineté militaire, savoir si on construit une Europe de la défense ou non.
En cas d'embargo sur les hydrocarbures russes, quel serait l'impact sur notre économie ?
On a des études économiques qui sortent, plutôt sur l'économie allemande, sachant que leur dépendance au gaz russe est environ quatre fois supérieure à la nôtre. Ils évaluent l'arrêt complet du gaz et pétrole russe à 2,5 points de PIB [en moins]. Si on considère qu'on est trois fois moins dépendant, cela fait moins d'un point de PIB. Ca peut paraître beaucoup, mais si c'est ça qui nous permet finalement de sortir de cette dépendance, peut-être que ça vaut le coup de se lancer. Il faudrait que d'autres institutions puissent le chiffrer. Même avec un point de PIB en moins, on éviterait la récession et on commencerait à préparer la sortie de la dépendance au gaz et au pétrole russes.
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