: Reportage La guerre "tue les gens les plus créatifs" : à Kharkiv, le monde de la culture en deuil après le bombardement d'une imprimerie
À Kharkiv, les librairies et les maisons d'édition tentent de continuer à faire vivre la littérature ukrainienne, malgré les bombardements.
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L'émotion est toujours vive en Ukraine après le bombardement d'une imprimerie dans la ville de Kharkiv. Jeudi 23 mai, trois missiles russes ont détruit l'un des plus grands complexes typographiques du pays, faisant sept morts et une douzaine de blessés. C'est là qu'étaient imprimés les livres de la maison d'édition Vivat, qui promeut la langue et la culture ukrainienne depuis plus de dix ans.
À l'intérieur de la librairie, en sous-sol, on est saisi par une étrange impression de normalité dans une ville en guerre : l'odeur des livres, leurs couleurs vives, sur les étagères… Fondée en 2013, la maison d'édition ne publie que des livres en ukrainien depuis le début de la guerre dans le Donbass, il y a dix ans. "La chose la plus horrible dans cette guerre, c'est qu'elle tue des écrivains, des journalistes, qui sont sur le front", se désole Alena Ribka, responsable chez Vivat de la littérature ukrainienne. "Elle tue les gens les plus créatifs, qui sont si importants pour nous", poursuit-elle.
Depuis le début de la guerre à grande échelle, ils ont détruit 1 600 centres culturels, dont 600 bibliothèques. Et tout ça, en seulement deux ans.
Alena Ribka, responsable chez Vivat de la littérature ukrainienneà franceinfo
Un après-midi, l’auteur Vitali Zapeka est venu parler de ses livres devant une vingtaine de personnes. Vitali Zapeka est militaire. Il combat à Lougansk depuis 2014 et vient tout d'être blessé au front par un sniper qui l'a visé à la tête. La balle a finalement traversé l'épaule. Au début, dit-il, dans les tranchées, il écrivait en russe, mais il a détruit ses manuscrits pour recommencer, en ukrainien. "Plus les occupants nous tuent, moins nous pouvons dire que nous sommes comme des frères, affirme l'écrivain, Il y a une phrase qui fait beaucoup de mal, et on devrait punir ceux qui l'utilisent, c'est de dire que nous sommes un seul peuple."
"J'avais peur des gens"
Parmi la vingtaine de personnes venue écouter l'auteur, Kataryna vient de Novopskov en territoire occupé, près de Donestk. Elle a vécu un an sous occupation russe, et jusqu'ici, n'arrivait pas à échanger sur ce qu'elle a traversé en quittant le territoire. "C'est comme si nous étions paralysées, raconte-t-elle, Nous sommes passées à travers un corridor, le corridor de l'enfer, deux kilomètres à pied." Elle explique qu'elle n'a pas pu parler pendant un mois. "J'avais peur des gens". Quelques accolades avec l'auteur en sortant, chacun se sent un peu moins seul face aux horreurs de cette guerre.
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