Reportage "Ici mes pensées m'appartiennent" : en Ukraine, des femmes vétérans reconnectent avec la vie civile grâce au golf

Une association propose à des femmes vétérans ukrainiennes un programme de réhabilitation par le sport. Franceinfo a rencontré celles qui ont choisi le golf comme échappatoire.

Article rédigé par Agathe Mahuet - Hélène Langlois - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Katerina, vétérante de l'armée ukrainienne, participe à un programme de réhabilitation par le sport dans ce golf au sud de Kiev. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)
Katerina, vétérante de l'armée ukrainienne, participe à un programme de réhabilitation par le sport dans ce golf au sud de Kiev. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Comment se reconnecter à la vie civile après des années passées sur les champs de bataille ? L'association ukrainienne d'aide aux vétérans Heroes Glory mise sur le sport pour accompagner les femmes vétérans de l'armée ukrainienne. Katerina, qui a repris les armes en 2022 avant d'être démobilisée pour raisons de santé, a choisi le golf, qu'elle pratique avec sa sœur Olessia dans ce grand espace naturel au sud de Kiev, baigné par la lumière d'une belle de fin journée.

Cette trentenaire, qui s'était déjà engagée au combat pendant deux ans, après les manifestations proeuropéennes de Maïdan en 2014, connaît les difficultés de la vie d'après. "Je savais, en quittant l'armée une deuxième fois, que je ne devais surtout pas m'enfermer, rester à la maison et souffrir. Il faut sortir et voir du monde", affirme-t-elle. La pratique du golf permet à Katerina de se réapproprier son corps après des années "sans penser à soi" en zone de combat, un endroit où "on ne s'appartient pas", focalisée sur sa mission."Ici, mes pensées m'appartiennent. Je me concentre sur la balle, mon corps et ma frappe. C'est du temps pour moi que je n'ai pas eu pendant plusieurs années", raconte-t-elle.

Un sport qui nécessite d'avoir les "idées claires"

Elle partage cette nouvelle activité avec sa sœur, elle aussi vétéran de l'armée, qui l'a poussée à s'inscrire. "Je me suis toujours demandé pourquoi les gens faisaient du golf : ce n'est pas marrant et c'est trop réfléchi. Mais j'ai essayé et j'ai compris que ça n'était pas du tout ennuyeux en réalité !", raconte Olessia qui percevait jusqu'alors le golf comme un "sport inaccessible".

La pratique du golf aide Katerina et Olessia, soeurs et vétérantes de l'armée ukrainienne, à retrouver la vie civile. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)
La pratique du golf aide Katerina et Olessia, soeurs et vétérantes de l'armée ukrainienne, à retrouver la vie civile. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Ce moment de détente entre sœurs et de reconnexion à la vie civile est possible grâce à l'association d'aide aux vétérans Heroes Glory. "Ce qu'il y a avec le golf, c'est qu'on peut être en pleine forme, connaître tous les mouvements mais si on n'a pas les idées claires, si on a trop de choses en tête, on ne peut pas faire un swing", explique Dmytro Terpylo, qui a créé l'association et mis en place ce programme de réhabilitation par le sport l'année dernière.

Des femmes vétérants de l'armée ukrainienne participent à un cours de golf dans le cadre d'une programme de réhabilitation par le sport dans le sud de Kiev. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)
Des femmes vétérants de l'armée ukrainienne participent à un cours de golf dans le cadre d'une programme de réhabilitation par le sport dans le sud de Kiev. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

"Cela aide les vétérans à oublier toutes leurs souffrances, les difficultés du quotidien en Ukraine, les traumatismes et les blessures qu'ils ou elles ont subies sur la ligne de front", poursuit-il. Anna, une autre élève du cours de golf, qui était cheffe d'un service médical de l'armée jusqu'à l'année dernière confirme. Celle qui avait 40 000 soldats sous sa responsabilité a géré le transport des blessés et des morts, depuis le front, pour l'armée. C'est pour eux, aussi, qu'elle vient ici se reconstruire.

Ukraine : le golf pour se reconnecter à la vie civile - Reportage d'Agathe Mahuet, Hélène Langlois et Yashar Fazylov

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