: Reportage "Beaucoup de paroles, pas beaucoup d'action" : à Londres, les biens des oligarques russes n'ont pas tous été saisis
La capitale anglaise, surnommée "Londongrad", a accueilli ces dernières années des proches de Vladimir Poutine. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les autorités britanniques s'en prennent à leurs biens, mais de façon insuffisante selon des spécialistes de l'argent sale.
Le car grimpe péniblement la route pentue du quartier d’Hampstead, à Londres. "Au sommet de la colline, vous devriez voir cette magnifique résidence", explique au micro l'un des organisateurs de cette visite. Il indique les cheminées d'un château en brique rouge qu'on ne le distingue pas complètement : il s'agit de Witanhurst Mansion, la deuxième plus grande propriété privée de Londres après Buckingham Palace.
Cette immense propriété a été achetée il y a 14 ans par une société basée dans les Îles Vierges, un paradis fiscal, et liée à un homme d’affaires russe, Andreï Gouriev. Dans le quartier, on prétend que le vrai propriétaire est Vladimir Poutine. Face à ce flou, les autorités ne peuvent rien faire. Un peu plus loin, deux autres immenses manoirs dont les achats par des fonds russes ont également transité par des circuits occultes.
Des amendes et des biens gelés, mais peu de poursuites
Surnommée "Londongrad" ou "Moscou sur Tamise", la capitale anglaise a reçu des milliards de livres venant de Russie ces dernières années. La loi sur la transparence, votée en urgence au début de la guerre en Ukraine, n’a rien changé selon Helena Wood, à la tête d’un think tank qui lutte contre le blanchiment d’argent. "Il y a beaucoup de paroles et pas beaucoup d’actions. Ça ne coûte rien de promouvoir de nouvelles lois et elles sont tout à fait nécessaires, mais elles ne servent à rien pour le moment. Il n’y a personne pour les faire appliquer."
Helena Wood ajoute que les moyens dédiés à cette lutte ont été considérablement réduits depuis 12 ans. Un constat partagé par Oliver Bullough, un spécialiste du blanchiment d’argent qui a publié plusieurs livres sur le sujet. Depuis l’invasion russe, il affirme que le gouvernement britannique s’agite beaucoup pour peu de résultats, même quand les propriétaires sont clairement identifiés. "Il ne se passe rien. Les biens sont juste gelés, regrette Olivier Bullough. On pourrait penser qu’ils font l’objet d’une enquête criminelle, mais ce n’est pas le cas. Certains oligarques ont dû payer des amendes, mais à part ça, rien."
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak menaçait il y a quelques jours encore d’utiliser ces biens gelés pour financer la reconstruction de l’Ukraine. Le Royaume-Uni compte 52 000 propriétés détenues de façon opaque, selon un recensement effectué par l’ONG anti-corruption Transparency International. Environ 20% d'entre elles sont entre les mains des oligarques russes, pour une valeur dépassant 1,5 milliard d’euros.
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