Le parti du milliardaire trumpiste Andrej Babis remporte les législatives en République tchèque

L'ancien Premier ministre conservateur, qui va devoir former une majorité pour pouvoir gouverner, a promis de s'occuper d'abord des Tchèques, avant l'Europe et l'Ukraine.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Andrej Babis lève les bras lors d'une conférence de presse à Prague (République tchèque), le 4 octobre 2025, après la fermeture des bureaux de vote, lors des élections législatives. (LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)
Andrej Babis lève les bras lors d'une conférence de presse à Prague (République tchèque), le 4 octobre 2025, après la fermeture des bureaux de vote, lors des élections législatives. (LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)

Retour gagnant pour Andrej Babis. Le parti de l'ancien Premier ministre tchèque est arrivé largement en tête des législatives, samedi 4 octobre, avec 35,4% des voix, selon des résultats portant sur près de 97% des bulletins dépouillés. C'est une revanche pour le milliardaire autoproclamé trumpiste, qui avait perdu de peu le pouvoir il y a quatre ans.

Le mouvement ANO ("Action des citoyens mécontents", "Oui" en tchèque) devance largement le mouvement Ensemble, mené par le du chef du gouvernement de centre droit sortant, Petr Fiala, qui a rassemblé 22,7% des suffrages. Stan, formation libérale, arrive troisième avec 11,1% des voix. "Nous chercherons à former un gouvernement avec un seul parti, dirigé par ANO", a immédiatement réagi Andrej Babis. Il s'est toutefois montré prêt à des alliances avec le parti d'extrême droite SPD (7,9% des voix) et le parti de droite Motoristes (6,8%).

L'homme politique de 71 ans, qui a déjà dirigé la République tchèque de 2017 et 2021, a fait campagne sur la promesse d'augmenter les prestations sociales et de réduire l'aide à l'Ukraine, pour faire passer les Tchèques d'abord. Son retour au pouvoir pourrait signifier pour Prague se rapprocher de la Hongrie et de la Slovaquie, qui ont refusé tout soutien militaire à Kiev et entravent les sanctions contre la Russie. Des proximités existent déjà : Andrej Babis a cofondé avec le Premier ministre hongrois le groupe parlementaire d'extrême droite Patriotes pour l'Europe.

Poursuivi pour fraude aux subventions européennes

Jusqu'ici, la République tchèque, un pays de 10,9 millions d'habitants, a soutenu sans ambiguïté Kiev face à l'invasion russe. Elle a aussi accueilli plus de 500 000 réfugiés ukrainiens. Toutefois, de nombreux électeurs reprochaient au gouvernement de Petr Fiala d'avoir négligé sa propre population. La rhétorique pro-Ukraine risque-t-elle d'être révisée ? Josef Mlejnek, politologue à l'université Charles de Prague, dit ne pas s'attendre à "un changement fondamental" sous Andrej Babis, qui a des intérêts commerciaux en Europe occidentale. "Babis est un homme d'affaires pragmatique et la seule chose qui l'intéresse est d'être Premier ministre", affirme-t-il. 

Il appartient désormais au président tchèque, Petr Pavel, de nommer le prochain Premier ministre. Cet ancien chef des forces de l'Otan, résolument pro-européen, a rencontré Andrej Babis en début de semaine pour évoquer les risques de conflit d'intérêts avec ses activités d'homme d'affaires, à la tête d'un conglomérat chimique et alimentaire, ainsi que des poursuites engagées contre lui pour fraude aux subventions européennes.

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