75e anniversaire de la libération d'Auschwitz : des survivants de la Shoah et leurs enfants face à la transmission de la mémoire
75 ans après la libération d’Auschwitz, certains rescapés témoignent encore dans les collèges, les lycées. Mais comment raconter l’horreur à sa propre famille ? Beaucoup se sont tus, d’autres n’ont rien caché.
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Longtemps elle n'a rien dit de son histoire à ses proches. "Dans la famille, on protège les enfants", dit sobrement Eveline Szpirglas, 91 ans, déportée à Auschwitz en 1944. Comme la plupart des survivants elle a préféré garder le silence face à la difficulté de raconter l’horreur de la déportation et des camps de la mort à sa propre famille. Depuis deux ans, Eveline Szpirglas vit au Mans, dans la grande maison de l’un de ses fils. Bruno. "C'était tabou. Il fallait respecter les souvenirs, le silence... Le silence est un droit", explique-t-il.
Enfant, Colette Cohen n’a pas connu ce droit au silence. Sa mère, juive polonaise, est passée dans les ghettos avant d’être déportée et séparée de ses parents dès leur arrivée à Auschwitz. Eux sont envoyés à la chambre à gaz. "Sa mère lui a dit : surtout, ne soit pas triste, c'est normal que les parents partent avant les enfants."
Cette histoire, les camps, la déportation, n'a rien d'un secret pour Colette, enfant : "Ma mère me racontait. Elle passait sa vie à le faire quand j'étais petite plutôt que de me raconter Le Petit Chaperon rouge ou toute autre histoire… Les nazis, les kapos, vivaient avec nous et j'ai grandi avec eux. Elle ne dormait jamais. Quand elle dormait, elle voyait immédiatement les nazis donc elle préférait ne pas dormir."
Eveline Szpirglas fouille dans sa mémoire. Elle assure ne plus se souvenir de ce qui la réveillait la nuit. "Un certain temps, j'ai eu des cauchemars. Mon fils m'entendait hurler, je lui disais : peut-être que je me disputais avec ton père. Il me disait : non, non, c'était des hurlements." Bruno acquiesce. "Il n'y a pas de couvercle assez étanche pour enfouir les souvenirs. Il faut que ça sorte, de temps en temps."
"Je ne sais pas comment je pourrais affronter Auschwitz"
Colette Cohen n’est jamais allée à Auschwitz. L’an dernier, dix ans après la mort de sa mère, elle s’est inscrite à un voyage organisé, mais a fait une mauvaise chute quelques jours avant, un accident comme un acte manqué. "J'ai fait le deuil d'aller à Auschwitz, parce que j'ai tellement mon Auschwitz intérieur que je ne sais pas comment je pourrais affronter Auschwitz."
Bruno Szpirglas, lui, va s’y rendre pour la première fois en mars 2020 avec des élèves du collège où il enseigne, mais surtout avec sa mère. "Même un grand enfant de 57 ans, elle ne veut pas le laisser partir seul là-bas, dit-il tendrement. Il y a ce besoin de ne pas laisser l'imagination galoper."
Bruno Szpirglas et Colette Cohen ont en commun aujourd’hui l’envie de transmettre. A leurs propres enfants mais pas seulement. Elle est vice-présidente de Langages de femmes, une association qui lutte contre le racisme et l'antisémitisme, elle est aussi membre de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Son fils est engagé dans le projet Convoi 77, du nom du dernier convoi à partir de Drancy vers les camps de la mort, le 31 juillet 1944.
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